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Saintélyon : un mythe à courir

Saintélyon : un mythe à courir

Jusqu’au « boue » de la nuit

L’avant course

Nous nous sommes inscrits pour la Saintexpress (45km et 950md+). Après notre arrivée le vendredi soir en avion, nous faisons une grosse nuit . Après un TRÈS gros petit déjeuner, on part chercher les dossards au Hall Tony Garnier. Après quelques péripéties dans les transports nous voilà arrivés. Cette année la Saintelyon est aussi le salon du trail, comme vous vous en doutez nous ne résistons pas à faire quelques emplettes et à discuter avec quelques personnes… 
L’après-midi, grosse sieste, puis repas à 18h à l’hôtel… préparation des affaires et c’est à ce moment là que l’on se rend compte que nous sommes vraiment c*** d’aller courir de NUIT, dans le FROID et sous la PLUIE voire la NEIGE. Bref, on se prépare et on saute dans le métro direction les navettes pour aller à St Catherine. 

Difficile de croire qu’une organisation comme la Saintelyon est débordée lorsqu’il s’agit d’organiser des navettes, hélas c’est le cas. Attendre une heure sous la pluie, et la course n’est toujours pas démarrée… Clairement pour prendre le bus, c’était à qui était le plus puissant. C’est là qu’Anaëlle sort de la manière tellement naturelle “Ah bah c’est beau l’esprit trail…”  Autant vous dire que nous avons dû jouer des coudes pour avoir 2 places (ce n’est pas notre point fort ) Après 40’ de car, nous arrivons à St Catherine.
Niveau timing ça ne peut pas être plus tendu… le temps de déposer la consigne, on arrive à 22h54 dans le SAS pour un départ à 23h. Nous 2, grands stressés, ça ne nous allait pas trop !

Nous sommes partis ensemble, mais arrivés à 1h d’écart. Nos ressentis sont complètement différents c’est pourquoi nous avons écrit chacun notre récit de course. Nous commençons par le récit de Nathan qui est plutôt positif, en finissant par celui d’Anaëlle, plutôt épique.

Nathan : course enrichissante

Après une course décevante sur le raidlight Vendée trail début novembre, j’avais une revanche à prendre sur la Saintexpress. Cette course m’obligera par sa difficulté à optimiser ma gestion de course, et enrichira certainement mon expérience dans ce petit monde de fou…

23h

La “tactique” est simple, on me l’a répété à plusieurs reprises, “ne part pas trop vite, et garde du jus pour la fin”.
Je décide donc de respecter ce plan et de partir doucement. C’est chose faite, je pointe 50eme au km13. S’en suit une remontada progressive. 
Milieu de course (25eme km), après une grosse patate au 8eme et des parties très boueuses, je pointe 32eme avec une fraîcheur de folie.

La fin de course va être épique, la pluie s’intensifie, mes doigts disparaissent petit à petit et les parties roulantes sont de plus en plus fréquentes. Je décide de lâcher le groupe avec qui j’étais dans une descente afin de “ramasser les morts” (comme on m’a toujours dit). Je sais pertinemment que les 10 derniers kms sont taillés pour moi, davantage de roulant toujours avec de la boue et une grande descente sur Lyon.
Je remonte donc les participants petit à petit, plus ça va et plus les jambes sont bonnes ! Excellent.

Arrivé aux abords de Lyon, un groupe de 5 coureurs du 45 est juste devant moi. Autant vous dire que mon esprit de compétition a surgit et je n’avais qu’une idée en tête. Chose faite, je continue ma remontée et double 3 autres coureurs dans les 3 derniers kms.  L’arrivée à Tony Garnier, je passe sous cette belle arche bleue avec une bonne ambiance.

Quelle place ? Aucune idée. Quel chrono ? Environ 3h35 Du plaisir ? A 300% .
Un coup de téléphone rapide à ma sœur qui me suivait depuis le départ . Elle me dit que je suis 19eme et 1ER espoir, plutôt satisfait de cette place. Très content de ma gestion globale (alimentation, effort, froid,…).

Pas le temps de se poser, je prends une douche vite fait en compagnie d’un autre vendéen (Thomas Voeckler qui lui a abandonné…) Ensuite je fonce à l’arrivée pour attendre Anaëlle, qui partait plutôt perplexe mais je le sais elle va finir avec le sourire. Là voilà, après 4h30 d’effort, et un seul mot ressort «horrible».

Bilan

J’ai surkiffé cette course grâce à une bonne gestion de ma part et malgré les conditions très difficiles.
Un départ dans le SAS ÉLITE m’aurait peut être permis d’aller chercher un peu mieux mais il faut être satisfait de cette course.

Podium 1e Espoir

Anaëlle : Course au mental

Une préparation qui se passe plutôt bien jusqu’à 1 semaine du jour J. Douleur au niveau du mollet/tendon qui apparaît jusqu’à me faire boiter : « si je suis comme ça dans une semaine je suis incapable de courir ». Heureusement : Coach Guillaume et François, mes 2 kinés favoris sont là à la rescousse ! Periostites, contractures, inflammation, ils se sont bien amusés Jeudi midi : dry needling. Autant vous dire que jeudi impossible de poser le pied mais dixit francois : « ça sera ok pour samedi soir » Perplexe, j’y crois. 

Samedi soir, plus de douleur au mollet ! Magique. Je me méfie mais je fonce au départ. Une semaine et demi de « désentrainement » m’inquiète fortement. Mon autre inquiétude : les conditions météorologiques de cette course. Tout ce que je déteste. C’est d’ailleurs la raison de mon inscription : travailler mon mental sur ce que je déteste : courir en pleine nuit, fatiguée, sous la pluie, 2 degrés, du brouillard, et beaucoup beaucoup de boue. Autant vous dire qu’avec un syndrome de Raynaud c’est pas gagné. Objectif : finir ! 

Départ 23h00 il ne pleut plus mais il fait 1 degré et beaucoup de brouillard. J’ai froid, je baille, je n’ai pas trop envie. A 150m de la ligne de départ on est bien serré ; 2500 participants. Pas de speaker, un pauvre coup de sifflet et ça avance devant.
Bon, c’est parti, on se réchauffe vite en courant ! Tellement chaud que j’enlève mes gants au 4e km. 

Dès le km5, ça se corse, une côte longue de 800m avec 150 m de d+ me tue surtout avec la venue de la pluie km8. Oui, on n’est pas rendu au bout. Là, du km 5 au km 15 j’ai tellement envie d’abandonner. Je sens mon mollet en montée, j’ai 0 plaisir. C’est vrai après tout, courir la nuit, sous la pluie, dans le froid, avec plein de boue !…
Dans ma tête, un ange et un démon « pourquoi tu te fais chier à courir là dedans, il y a rien à voir, ça glisse, et tu es blessée » surtout qu’habituellement quand je suis mal dans une course je regarde le paysage. Ici, à part la boue par terre et la frontale qui te tue les yeux quand tu te retournes, rien à voir. D’un autre côté, mon ange qui me dit « t’es capable, c’est juste ta tête qui en a marre, pas les jambes, tu n’en chies pas physiquement donc tu vas au bout, tu le savais en t’inscrivant »

En effet, km 18 c’est décidé. Je vais au bout ! Mais 500m après m’être dis ça : la chute. Et oui, il en fallait bien une !
Je bute dans une pierre et badaboum tout éraflée, mal au genou, à la hanche … « mais non Anaëlle c’est dans la tête ça va passer ». En fait dans la chute le pire était de tomber les mains en avant .. dans une flaque. Gants mouillés ! Ma hantise ! « Noooooon il me reste 28km, je vais avoir trop froid aux mains … »
Au final tout roule, des côtes que je monte tranquillement et les descentes dans la boue se font plutôt bien ! 

Km24 merde. La douleur au mollet/ tendon commence à piquer. … « pas grave je vais au bout ! » mais bordel ça tire quand même, une foulée à faire peur aux pistards.  Km32 dernier ravito, beaucoup abandonnent ici, notamment pour hypothermie. On est trempé : gants, kway, collants, pieds… Un petit message envoyé et vite je repars. Mais dès qu’on sort du ravito, de la salle de sport, tout mouillé, le froid saisit tellement… il faut courir ! 
Une fin plutôt roulante avec des parties de bitume dont je me serai bien passée, mais aussi de belles bonnes côtes sur route. Je passe les 8 derniers kms avec un mec avec qui je discute. Enfin quelqu’un qui parle dans cette course ! 

Je passe sous cette belle arche bleue heureuse. Je pensais pleurer d’épuisement, de lassitude , mais j’étais tellement contente de retrouver Nathan et de me dire que j’ai terminé une course que j’ai détestée que j’ai souri. En arrivant mes mollets brûlent, je commence à avoir très froid alors je file à la douche ! 
Je finis en 4h30, 19e femme et 265/2500 au scratch mais peut importe tout ça. Hier c’était juste aller au bout et se dépasser. 

Anaëlle au bout de 45km

Notre Bilan

Assez décus

Points +

  • Ça reste un parcours atypique, très difficile psychologiquement, où l’on ne peut que être fière à la fin
  • Belle organisation pour chercher son dossard et à l’arrivée avec des douches et des repas disponibles
  • Du monde sur le bord des routes lors de nos passages dans les villages (sous la pluie à 1h du matin …)

Points –

  • Beaucoup trop de parties bitumes pour un trail à notre goût 
  • Très peu d’ambiance. Oui c’est la nuit, mais avoir comme départ un simple coup de sifflet .. bof bof avec autant de participants
  • La mentalité des participants (pas tous heureusement) : courent avec écouteurs, ne parlent pas, jettent leur déchets par terre … Bon, comme dans beaucoup d’autres courses mais tout de même cela nous a marqué.
  • Organisation des navettes et départ pas à la hauteur de l’événement / Sentiment que tout est misé sur la course mythique du 78km
Finisher !!!