Raid Aventure Pays de Vie

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La fin du triptyque de l’année épisode 2/3

La fin du triptyque de l’année épisode 2/3

Ce deuxième épisode se déroule 5 jours plus tard. Après un retour sans encombre en Vendée le lundi, je repars le jeudi matin. Cette fois-ci c’est avec Angéline et son club du Jogging à bord d’un minibus. Par un concours de circonstances et un accès de folie, je me retrouve à courir à nouveau, moins d’une semaine plus tard le 25km des Patarins à Carcassonne, suivi du 65km des Hérétiques (et non pas des érotiques) le lendemain. Alors tout le monde me dit que je suis fou, voire que je suis « plus malin que tout le monde ». On raconte aussi que de toute façon au RAPV ils font des trucs de timbrés, etc. Mais zut. Je suis loin d’être confiant. Si je me lance sur ce 25 c’est pour accompagner et encourager du mieux que je peux ma merveilleuse femme. Moi je suis fou, peut-être. Mais que dire de son courage (ou de son inconscience). Donnée perdue pour le sport il y a 10 ans, à tel point que les promenades dominicales se terminent souvent sur mon dos. Elle a courageusement suivi les conseils habiles de Her Doktor Jourdain pour pouvoir reprendre la course. 5km de Challans avant d’avoir Mathilde. Remise à zéro. Rebelote pour faire une CO et une nouvelle course avant d’avoir Clémence. ET puis ce suivi avec Sandrine et enfin depuis janvier elle a brillamment enchainé les Galopades Tranchaises, la Marath’Yonnaise et le trail de la Bultière. Bref jamais plus de 15km, jamais plus de 300D+. Et là elle s’en va faire 25km et 600D+ (annoncés). Soyons bien d’accord, je n’ai aucun doute sur sa capacité à finir. Mais je m’inquiète et j’angoisse un peu. Pour elle et pour moi, je me suis juré de la soutenir mais les doutes m’habitent. Les barrières horaires sont moins larges qu’aux Templiers et le rapport dénivelé/km sensiblement équivalent. Quand on en a tellement bavé 5 jours avant… J’aurais quand même l’air bien con si je n’arrivais ni à faire terminer Angéline ni à terminer le lendemain.

Nous prenons le départ le vendredi à 14h. Mission 4h30 pour finir ces 25km. On nous annonce que les km et le dénivelé sont hors taxes. A comprendre, il y a des km gratuits. Je place Angéline légèrement devant le paquet du peloton. Elle ne comprend pas. « On ne va pas les remonter un par un ? ». Franchement je ne vois pas pourquoi se mettre un handicap de plus dans cette course. S’ils sont forts ils passeront. Chacun sa course. Mon objectif est de l’emmener au bout. Je lui réponds un laconique : « T’inquiètes pas ! ». Et c’est parti. On trottine à 10km/h. Il faut tenir. La première partie ne présente globalement que peu de difficultés jusqu’au lac de Cavayère (je dis ça après coup). Dès que ça monte trop, nous marchons. J’imprime un rythme rapide en marche. Angéline se retrouve à suivre les filles du Jogging : Catherine, Nathalie, Stéphanie, Marie, Noémie, mais aussi Xavier et Magalie Jousseaume. Des filles qui ne font pas partie de son groupe d’entrainement. C’est un groupe un peu plus expérimenté. Alors c’est positif mais forcément ça questionne.

Nous apprécions l’ambiance mise par les foufous du Jogging. Tambour, cris, encouragements. Ce sont un peu les seuls spectateurs du coin. Après le lac de Cavayère une petite bosse nous met à mal. Angéline décroche un peu. Nous entamons la longue approche vers la 1ère difficulté. Angéline et moi mettons à profit les quelques descentes pour revenir et raccrocher le peloton du Jogging. Peu avant d’entrer dans le camp militaire, nous faisons une belle pause à ce qui me semble le sommet. Bon ce n’est pas ça mais le paysage est vraiment joli. Nous croisons une dernière fois les encouragements des rose et noirs et nous prenons un peu de pourcentage en plus juste après. Moment choisi par Xavier pour faire une pause. Stéphanie l’attend. Nous grimpons au sommet puis entamons la 1ère grande descente. Angéline va bien. Je passe derrière elle pour voir si elle n’a pas mal au genou. Car elle ne me le dira pas mais je verrais si elle boite. Ça a l’air d’aller. Elle est vraiment au top. Je sens dans son allure, dans ses respirations, qu’elle est loin d’être facile. Mais pour autant elle ne semble pas dans le dur. C’est compliqué quoi. Normal. Dans la descente nous discutons un peu avec Nathalie, Marie, Noémie. Magalie va bien. Il faut tout de même que je prenne soin de ma collègue.

Les petites jambes d’Angéline qui vont vite. Et juste devant, Magalie.

La deuxième bosse pour sortir du camp militaire est différente. Par son approche. Un 90° droite en plein chemin qui a visiblement perdu quelques coureurs qui ont opéré un demi-tour. Et puis cette fois Xavier nous fait un gros coup de moins bien. Il a ramarré dans la descente et les premiers pourcentages lui aspirent le cœur comme un siphon. Je connais cette sensation. Et là, en pleine pampa, je ne me sens pas de le laisser derrière. Trop risqué. Je fais signe à Angéline de poursuivre son ascension, que je la rattraperai. J’essaie d‘encourager Xavier de mon mieux. Des petits pas, moins de grandes enjambées. Un rythme plus calme mais régulier. On se donne des objectifs de reprise ou de pauses. Nous venons à bout de cette ascension dont le sommet est marqué par une croix rudimentaire. Angéline m’attend. La descente n’est pas une partie de plaisir pour elle. Ses genoux sans cartilages rayent un peu et ça fait serrer les dents. Mais elle a l’air de bien gérer. Nous suivons le peloton rose et noir et arrivons enfin au ravitaillement du 16ème. Une fois encore les encouragements sonores du Jogging font du bien à tout le monde.

Le ravitaillement a presque fait plus de mal que de bien à Angéline. Difficile pour elle de repartir. Pour ma part je n’avais plus d’eau. Il était temps. La fin est assez roulante, comme au début. Une succession de toutes petites bosses, des descentes « vendéennes ». J’essaie de préserver les genoux de ma petite femme et nous enquillons marche et course. Vers Palajas, Yvan Jousseaume nous encourage car nous sommes 50m derrière Magalie. C’est à ce moment-là que nous dépasse comme une fusée David Pineau (Chantonnay raid) qui s’en va prendre la 3ème place du 160km. La cité de Carcassonne s’offre à nos yeux dans les vignes. Il y a désormais quelques km que les rose et noirs ont pris le large. Oh pas bien loin ! Une ou deux centaines de mètres. Nous les apercevons au loin mais impossible de revenir. Nous parvenons tout de même à reprendre Xavier et Catherine qui ont décidé de finir en marchant. Merci à eux. Je crois qu’ils ont servi d’objectif à Angéline.

Nous entrons dans la cité par une poterne. Une volée de marches nous accueille. Nous essayons de trottiner encore dès que nous le pouvons. La redescente sur les petits pavés ronds est compliquée mais nous prenons bien vite les trottoirs. Il ne reste que le vieux pont à franchir et nous serons à la salle du Dôme. Une nouvelle fois motivés par les tamtams et les cris des rose et noirs, nous franchissons enfin la ligne d’arrivée. Epuisés mais heureux.

Je suis tellement fier de mon épouse. Elle est exceptionnelle. Pourtant à présent je me plonge déjà dans ma course de demain. Je passe un sacré bout de temps au ravitaillement de l’arrivée. Saucisson, jambon, blanc de poulet, fromage et quelques litres de Saint Yorre. Puis un massage durant lequel j’apprends que tout va bien exceptés les adducteurs qui sont bien chargés. Une dernière soupe chaude et nous rentrons au logement. Quelques bières plus tard je monte me coucher tôt et prudemment. Etape 2 validée.