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Tour des Cirques : Juju fait son compte-rendu

Juju et Nico : Tour des cirques GRP 2021

Tour des Cirques : Juju fait son compte-rendu

Après une expérience positive sur le tour des lacs en 2018 François avait tenté le tour des cirques en 2019 lorsque pour ma part je partais sur le tour des lacs. Si ce fut un bon moment pour moi cela a été plus délicat pour mon frère qui avait dû se contraindre à abandonner à Gèdre retour.
D’un commun accord nous avions décidé de tenter alors l’aventure ensemble sur le tour des cirques en 2020. A 2 on est plus fort et c’est toujours top de partager ça entre frères (Guillaume et Pierrot pourront en témoigner). Oui mais voilà, ce fichu Covid est venu tout gâcher et l’édition 2020 a été annulée. Malgré la déception il y aura eu un côté positif à cette annulation car celle-ci nous a permis de remettre en place l’idée des promesses de dons pour les kilomètres parcourus en contactant l’association « A coup de rêves, l’handi-monde de Mathilde » située au Poiré/Sur Vie.

Côté préparation tout s’est bien passé. Le papier du coach était accroché au frigo et fluoté comme jamais. Alors oui ça prend du temps, oui on râle un peu parce qu’il en ajoute toujours un soupçon à chaque prépa, oui on passe tous pour des gens étranges à jouer aux kangourous aux bords des routes… mais pour le fun et se rendre compte du travail accompli j’avais décidé cette année de noter le nombre de fentes, squats, jumping jack et chaise réalisé. Alors à votre avis combien ?

Allez je vous donne la réponse : 8160 fentes sautées, 2775 squats sautés, 3270 jumping jack et 02h14 de chaise.
Alors on peut se demander à quoi ça sert d’avoir compté ? Et bien tout simplement à remercier le coach pour toute cette muscu et la qualité de ses préparations parce que même si on râle on arrive quand même dans un état de forme nickel nous permettant de bien vivre nos courses pendant mais aussi après. Alors sans fayotage je te redis un grand MERCI Guillaume car je t’attribue une partie de la réussite de cette belle aventure dans les Pyrénées.

Départ

Vendredi matin 11h00. On y est c’est l‘heure du départ.
Un peu particulier pour moi car Elo n’est pas présente pour raison professionnelle. Son absence va me manquer tout au long de la course c’est certain mais j’ai heureusement mes parents avec les enfants, ma belle-sœur et mes neveux et nièce qui seront présents pour nous soutenir. On a une pensée pour Mathilde et Justine et notre engagement envers « A coup de rêves, l’handimonde de Mathilde ».
On retrouve les copains du RAPV pour se souhaiter bonne course, s’encourager et prendre la petite photo qui va bien pendant que le speaker fait monter un peu l’ambiance. L’appréhension est grande et les sentiments sont partagés entre l’envie d’en découdre et la peur de l’échec.
Un dernier regard à nos accompagnateurs, un check d’encouragement avec François, la musique officielle avec Cold Play raisonne et nous voilà lâchés vers la première montée et la boucle Piau-Piau…

PIAU – PIAU 0km à 8.700km

Le départ se fait en trottinant tranquillement avec une petit D- de 103 mètres avant d’attaquer les premiers lacets vers le sommet de Piau avec 774 mètres de D+. Ça monte petit à petit et on se met dans le bain. Quelques copains du RAPV ne sont pas très loin et nous finissons cette première ascension tous ensemble avant de basculer dans la descente nous ramenant vers la station de Piau avec 671 mètres de D-.

On se dit avec François qu’on descend cool pour ne pas s’allumer les cuisses et nous pensons déjà à la descente suivante. J’ai comme dans l’idée que l’expérience de 2019 se rappelle à lui .
On arrive au ravitaillement vers 12h35 pour recharger en eau et François prend le temps de se mettre de la Nok car il a chopé une ampoule sur l’orteil. De mon côté je mange mon sandwich. C’est une première sur du long mais je souhaitais vraiment essayer cette solution calquée sur les off avec les copains. Bon il manquait la bière et les conneries de Guigui Francheteau et Pierre Turquand mais le sandwich en course je valide.
On repart tranquillement et on se rend compte qu’il y a peu de coureurs derrière nous. Je me fais la réflexion que tout le monde est passé très vite sur ce ravito mais que nous, on a pris le temps de s’hydrater car la partie qui se présente pour se rendre à Gèdre, n’est pas simple.

PIAU – GEDRE ALLER 8.700km à 25.200km

On repart donc de Piau par le bas de la station qui me remémore une petit rando en famille. La montée se fait la aussi petit à petit, on est sur 737 mètres de D+, avec une première partie plutôt roulante. Tout va bien et je crois que l’un comme l’autre nous sommes déjà en train de nous projeter sur la descente qui suit et qui risque de faire mal aux cuisses. On arrive donc au Port de Campbiel pour enchaîner vers les 1586 mètres de D- nous amenant sur Gèdre. Une nouvelle fois on se redit « on descend cool » car cette descente ne nous fera pas gagner grand-chose si on y va à bloc, mais par contre elle peut tout nous faire perdre dans quelques kilos. On s’engage donc en mode éco mais en gardant quand même un bon petit rythme. Ce n’est pas toujours simple car on est frais et franchement il y a des parties ou on aurait vraiment envie de se faire plaisir. Certains coureurs d’ailleurs n’hésitent pas et nous déposent. En les voyant je ne peux m’empêcher de penser au résumé de Micka (merci à toi d’ailleurs pour tes conseils éclairés) « On se laisse doubler par tous les coureurs que tu ramasseras dans 20kms ou qui abandonneront à Gèdre retour ».
La fin de la descente est très sympa avec un passage en forêt qui fait du bien car le soleil cogne fort. On croise Dany qui malheureusement ne se sent pas bien. J’essaye de discuter mais je vois bien que c’est compliqué alors je le laisse dans sa bulle. Ca fait chier de voir les copains dans le dur mais je me dis qu’il va se refaire au ravito.
Puis on arrive sur Gèdre avec le plaisir de retrouver nos accompagnateurs, il est 16h00. Quel bonheur de voir le sourire des enfants et d’entendre les encouragements de nos familles. Je reçois quelques sms d’encouragements qui font du bien, dont ceux d’Elo. Elle est en plein boulot en Vendée mais prend le temps de me soutenir, c’est tellement important pour moi. On prend une nouvelle fois le temps de se ravitailler et de boire. On se tartine de crème solaire à en faire éclater de rire Margaux, ma nièce, qui me trouve moche. Je m’en fou je suis en mode Florence Foresti « c’est moche mais c’est pratique… ».

Une dernière banane et un coucou à nos accompagnateurs en or que l’on revoit à Gavarnie et c’est reparti…

GEDRE ALLER – GAVARNIE 25.200km à 37.400km

Juste avant de repartir on croise Adèle Sorin qui très gentiment nous informe que Louis lui a envoyé un sms pour prévenir les Rapvistes que la montée vers Gavarnie tape fort et que c’est une hécatombe sur le chemin. En mode prudent depuis le début nous passons en mode super prudent et on monte sans se mettre dans le rouge pour ces 785 mètres de D+. On constate en effet que Louis avait grandement raison.
La montée est jonchée de coureurs à l’arrêt qui pour la plupart ont prit un coup de chaud. On retrouve Romain allongé qui nous dit avoir besoin de se poser avant de repartir. C’est chaud quand même car je suis partagé entre le fait d’être content d’aller bien et en même temps déçu pour les copains que l’on croise au bord du chemin et qui ne sont pas forcément dans de bonnes conditions. La chaleur est importante mais on essaye de boire régulièrement et même de trop je pense pour moi, mais ça je le comprendrai que dans quelques heures.
On enchaîne ensuite une petite descente de 405 mètres de D- pour rejoindre Gavarnie et on retrouve Clarence venu nous chercher avant le ravitaillement. C’est vraiment cool de le voir, perso ça me donne toujours un coup de boost car je me dis que le ravito est à proximité. Romane et Marceau viennent aussi me rejoindre pour les derniers mètres, ça me fait énormément de bien et quel bonheur de recevoir les bisous et câlins de nos loulous qui sont quand même bien courageux car on commence à sentir sérieusement le poney . Il est 19h10.

Du monde au ravitaillement mais finalement ça passe assez vite. On prend de quoi manger avec notamment la soupe de légume aux pates que je trouve juste énorme et que j’adore, notre petit riz au lait et on fait les pleins d’eau. On peut ensuite sortir du ravito et aller manger avec nos familles. Ça c’est vraiment cool car on profite vraiment d’être ensemble et encore une fois ça fait un bien immense.

On récupère les affaires de nuit car du coup nous partons pour une grosse cinquante de kilomètres seuls sans nos accompagnateurs qui filent vers un petit restau bien mérité et que nous reverrons désormais qu’à Tournaboup si tout va bien. Un dernier gros bisou et un dernier câlin avec les enfants et nous voilà repartis vers peut-être la plus belle partie de la course en direction du cirque de Gavarnie.

GAVARNIE – GEDRE RETOUR 37.400km à 61.100km

On part pour une grosse montée en direction de la hourquette d’Alans et 1135 de D+. Le début est très sympa est la vue est juste OUAH…
On prend le cirque de Gavarnie pleine face avec le soleil qui commence à se coucher. Chaque pas nous rapproche un peu plus de cette merveille de la nature. Je me souviens dans cette partie me dire « ne réfléchis pas met un pied devant l’autre et profite du spectacle que tu as devant les yeux ». On passe sous un jet d’eau gentiment mis à disposition par des personnes au bord de la route, ça ne semble rien mais la petite gorgée d’eau fraîche et le mouillage de la casquette ça n’a pas de prix. On repart, devant François donne le tempo, depuis le début il gère les montées et j’ai l’impression que rien ne le fatigue. Il est en mode machine et avance surement vers nos objectifs.
On arrive au refuge d’Espuguettes avec un petit ravito ou ils servent de la soupe à l’ognon, ça passe crème. On profite de la pause pour s’habiller en nuit et 2 bols de soupe plus tard nous voilà reparti vers la hourquette d’Alans et les 410 mètres de D+ restant.

Ce passage marque pour moi le début du moment le plus compliqué de ma course. Je commence à avoir mal au ventre et je vois que je n’arrive plus à suivre François qui lui continue à avancer sereinement. On arrive à la hourquette non sans difficultés pour moi et je me dis que je vais me refaire la cerise dans la descente. Mais petit à petit le mal de ventre est de plus en plus important. François devant ralentit le rythme pour m’attendre et moi je me demande si je dois m’arrêter vomir ou pas. Finalement je prends la décision de m’arrêter pour « besoin personnel » et nous convenons que François parte un peu devant. Je me sens un peu mieux mais ce n’est pas encore ça. Je comprends que je me suis surement trop hydraté et que l’eau stagne dans mon estomac. Je me dis alors que je vais arrêter de boire et juste me rincer la bouche dans les heures à venir.
J’essaye de remettre en route pour rejoindre François mais c’est franchement très dur. Elo m’avait dit de l’appeler si besoin mais en pleine nuit je me dis que ce n’est pas cool, pourtant son soutien me ferait tellement de bien. Les interrogations arrivent alors comme l’explique si bien Rémy Jégard dans un de ses posts : Qu’est-ce que je fous ici, j’en ai marre, de toute façon je vais bâcher à Gèdre... Réponse : Tu vis un moment unique de partage avec ton frère que beaucoup n’auront pas la chance de connaître. Tu cours pour Mathilde qui elle n’aura peut-être jamais le bonheur de voir ces paysages et pour qui tu t’es engagé, et puis tu es bien physiquement alors arrête de réfléchir et descend.

Je retrouve François un peu plus bas qui m’attendait assis, il me dit qu’il est juste arrivé et que je n’ai pas perdu de temps. Bon soyons honnête on n’en a pas rediscuté ensemble mais je pense sincèrement qu’à ce moment il a juste cherché à me réconforter . Je lui demande alors si on pourra se poser un peu plus à Gèdre et que c’est important pour moi. On s’accorde là-dessus et franchement ça me fait un bien fou. Je ne pense plus qu’à ça. Je me dis avance, termine la descente et tu te poses en bas. Enfin nous voilà à Gèdre retour, 1h30 du matin. On prend encore une fois le temps. Le mal de ventre est toujours là mais sur les conseils de François je mange quand même et je me dis que ça va m’aider à digérer aussi mon eau.

On retrouve Nico qui est seul à repartir. Il nous dit qu’Alexis vient de bâcher et que Juju et reparti devant. Romain et Dany ont aussi bâché à Gavarnie. Emilien qui était au PC secours vient aussi nous dire qu’il arrête sur décision médicale.
C’est dur de voir les copains qui s’arrêtent comme ça un à un. Une grosse pensée pour eux. Après le ravito je prends le temps de m’allonger 15 minutes pour me ressourcer ce qui va m’apporter beaucoup de réconfort avant de repartir vers la base vie à Luz.

GEDRE RETOUR – LUZ SAINT SAUVEUR 61.100km à 74km

On repart vers la base vie de Luz avec Nico qui nous met le rythme. On sait que ça va être du costaud avec la montée d’Arrode et bien vous savez quoi ? En effet c’est du costaud. Bordel ça vous chauffe les cuissots et je vous garantis que ça donne chaud. On monte régulièrement mais n’ayant plus de montre on ne sait pas trop où nous en sommes dans le dénivelé. On sait juste que l’on part pour 609 de D+ et 924 de D- jusqu’à Luz. La fin de cette montée semble ne jamais arriver, à tel point qu’on se demande si le D+ ne se fait pas en une seule fois au lieu de 2 comme indiqué sur le profil. On se fait un petit stop pour manger une pom’pote et se poser un peu car franchement ça nous tape dedans. Nico lui préfère enchaîner et on se dit qu’on se retrouvera à Luz. On repart pour la fin de la montée qui enfin se présente à nous en croisant un mec dans le noir qui attendait seul on ne sait quoi. Poli le gars car il nous dit bonsoir mais quand même nous restons interrogatif sur sa présence à cet endroit seul dans le noir. Bon on n’a toujours pas la réponse ??

On enchaîne ensuite la descente où je ressens le besoin de courir un peu plus. On se met d’accord avec François pour que je parte un peu devant et qu’il me rejoigne ensuite. Mais qu’elle n’est pas ma surprise après 1 kilomètre de tomber sur un ravito sauvage au milieu de nul part. Le fameux dont Micka avait parlé dans ses conseils, et il a raison c’est vraiment « un moment hors du temps ». C’est juste énorme, il est environ 3 ou 4 h du matin et les gens sont là à attendre les coureurs pour proposer boissons chaudes ou froides, cakes et petits gâteaux. Pas le choix pause obligatoire, petit thé, ou café pour François, avec morceau de quatre quart…un régal. Nous ne manquons pas de remercier chaleureusement nos hôtes de quelques minutes qui nous confirment qu’il y a bien une nouvelle montée d’ici peu. On se relance dans la descente et quelques kilomètres plus loin nous repartons dans cette fameuse nouvelle montée d’environ 200 mètres de D+. Je me souviens à ce moment demander à François si c’est moi qui pue comme ça. Réponse non je ne crois pas…et puis 15 minutes plus tard : En fait si c’est bien toi. Ah les joies du partage en trail c’est toujours quelque chose d’unique . Après cette « petite montée » qui nous a quand même paru assez longue on file dans la dernière descente d’environ 200 mètres de D- pour rejoindre Luz. Arrivés sur Luz on marche pour rejoindre la base vie et on marche et on marche et on marche… Bon sang elle est ou cette base vie ? Si au départ je suis le seul à râler un peu, au bout de 5 minutes on râle à 2 et ça commence à nous agacer… Bref on veut manger notre soupe et notre riz au lait bordel . Allez quelques mètres encore et nous y voilà il est 05h30.

On se dit encore une fois que l’on prend le temps. Nous sommes légèrement en retard sur nos temps de passage mais comme on avait vu large sur la fin on sait que l’on est plutôt pas mal. Une nouvelle fois les petits SMS font du bien. Je vois qu’Elo a sauté sur son téléphone en se levant pour aller bosser. Son message me réconforte et me donne la pêche, c’est tellement important. Ravito avec une nouvelle soupe aux pâtes et du riz au lait, mon dieu que c’est bon et que ça fait du bien. Ajoutez- y des bouts de pastèque, de la banane et vous obtenez un succulent ravito. Perso le sommeil me gagne et je suis presque à me coucher sur la table, pourtant je fais l’effort d’aller me laver et de me changer entièrement pour me sentir mieux et surtout arrêter d’empester François.

Rocky


On sort ensuite faire le plein d’eau et j’en profite pour faire une petite sieste à même le sol avec la couverture de survie pendant 15 minutes. François lui ne dort pas il préfère s’étirer. Je l’ai déjà dit mais franchement il est très costaud, j’ai l’impression de voir Rocky « t’as pas mal, j’ai pas mal… T’as pas mal, j’ai pas mal… ».

LUZ SAINT SAUVEUR – TOURNABOUP 74km à 93.700km

On repart de Luz à 07h00 avec le jour qui se lève, du coup la frontale reste dans le sac en espérant ne pas avoir à la rallumer le soir. On commence tout doucement à évoquer la fin de parcours car on s’était fixé comme objectif intermédiaire de repartir de Luz en étant « assez frais » et c’est le cas. On ne s’enflamme pas non plus car nous sommes bien conscients que la ligne d’arrivée est encore loin mais dans un coin de notre tête on ne peut s’empêcher de penser que nous sommes sur la bonne voie et que les voyants sont au vert. La montée qui s’annonce n’a rien de simple. Nous partons pour 1565 de D+ avec juste un petit replat avant le ruisseau de Bolou. On garde notre rythme et on monte petit à petit en discutant avec d’autres coureurs. Nico que l’on a croisé à la base vie et reparti un peu avant nous. Rien de particulier à signaler dans cette première partie de montée, on avance bien avant d’arriver sur le replat ou nous pouvons galoper un peu. Ça fait un bien fou et comme souvent on n’hésite au départ à courir car on a peur de taper dans ses ressources mais franchement à petit rythme et en trottinant c’est top pour les jambes et les kilos défilent. Arrivée au ruisseau de Bolou nous rentrons dans la partie que j’ai surement le moins apprécié. Du caillou, du caillou, du caillou et encore du caillou… et quand tu retrouves un endroit un peu plus vert ça reste très éphémère et tout de suite derrière caillou, caillou et tiens vous reprendrez bien un bon vieux caillou d’1 mètre de haut histoire de se dégourdir les muscles… .

Bref rien de très agréable et une fin de montée compliquée pour moi. Devant François file bon train je ne sais pas si c’est dur aussi pour lui mais ça semble aller. Je m’autorise plusieurs pauses dans les derniers kilos de la montée car la fatigue est importante. Je me dis « un pas après l’autre, là-haut ça ira mieux et ensuite c’est la descente vers Tournaboup ou on va retrouver la famille ». Je ne pense à rien d’autre que la fin de cette ascension et dans un coin de ma tête raisonne aussi notre engagement envers Mathilde et Justine.

Enfin nous y voilà après presque 4 h de montée le refuge de la Glère et là avec une vue à couper le souffle et à vous donner des ailes. Ce genre de paysage qui vous fait comprendre pourquoi vous êtes dans un tel effort.
Une nouvelle fois on retrouve Nico au ravito qui est un peu colère car une personne a échangé ses bâtons avec les siens. Je mange peu mais je sais que Tournaboup n’est pas loin. Et puis si il ni y’a pas de soupe et de riz au lait je ne vois pas pourquoi se ravitailler .

Juste avant de repartir nous échangeons rapidement avec un coureur qui a abandonné la veille et qui revient faire une partie avec un copain toujours en course. Il nous dit que la descente se fait bien mais que si possible il vaut mieux passer par la piste au lieu de couper les virages comme balisé. Cela économisera les cuisses et c’est surtout moins dangereux car certains passages ne sont pas trop cool. Après quelques hésitations mais surtout 2 virages coupés ou nous avons pu voir effectivement que le passage n’était franchement pas terrible, nous décidons de suivre son conseil. Et quelle bonne idée, nous déroulons tranquillement en alternant marche rapide et course et les kilomètres défilent pour arriver jusqu’à la route du Tourmalet. Sur la fin on retrouve le coureur et son copain avec qui on tape la discute. Moment très sympa pour rejoindre tous ensemble Tournaboup et en finir avec cette descente de 800 mètres de D-. Il est 13h00.

On est étonné avec François de ne pas voir Clarence venir nous chercher alors que nous avions prévenu de notre arrivée. Puis au ravito, surprise… pas d’accompagnateurs. Bon on décide d’en profiter pour prendre notre soupe aux pâtes, notre riz au lait bien entendu, puis faire le plein d’eau avant de ressortir et de les appeler :
« Vous êtes ou nous sommes arrivés »
« pas possible on vous attend et on vous a pas vu passer »
« Vous êtes ou exactement »
« A côté du télésiège »
« Ok beh là c’est le 80 qui arrive, nous on est arrivé de l’autre côté »
« Merde et Clarence qui est monté vous chercher là-haut »
« Eh bien il risque d’attendre longtemps »
Bon tout le monde le sait que le métier d’accompagnateur ce n’est franchement pas simple mais quand à un ravito tu te retrouves avec 3 courses en même temps ça devient presque impossible.

On mange tranquille en profitant de nos familles enfin retrouvées et on commence sérieusement à se dire que sauf gros pépin physique ça sent bon le fait d’être finishers, et malgré la fatigue on a vraiment l’impression d’être bien. En plus nos accompagnateurs nous rabâchent qu’ils nous trouvent frais et ça fait vraiment du bien d’entendre ça car ça vient confirmer nos impressions.

Un nouveau message d’Elo pour motivation, une tartine de crème solaire, un bisou et un câlin aux enfants, un petit mot discret à papa pour qu’il n’oublie pas que la tradition ici c’est que c’est les papas qui payent la bière de finishers, et nous voilà reparti vers la dernière grosse difficulté de D+ de la course.

TOURNABOUP – LE MERLAN 93.700km à 110.400

On part sur des chemins connus car empruntés sur le tour des lacs en 2018 et 2019.
On y va par étape avec la cabane d’Aygues Cluse en point de mire avant de monter jusqu’à la hourquette Nère et un total de 1005 de D+. La première partie se fait plutôt bien et on se fait doubler par des coureurs du 80 qui sont pas là pour enfiler des perles. Je dis à François qu’il ne faut pas que nous nous fassions embarquer la dedans et puis on rigole parce qu’après s’être fait doubler plusieurs fois on réalise que de toute façon même si on le voulait on serait incapable de les suivre.
Comme quoi la fatigue pourrait te faire croire n’importe quoi. Le soleil tape fort à nouveau, on mouille régulièrement nos casquettes et buffs mais on sent bien que ça cogne et le passage en forêt ne nous fait pas de mal. On rejoint la cabane d’Aygues Cluse tranquillement ou on retrouve à nouveau Nico. Un peu dans le dur et voyant que nous sommes toujours à quelques minutes nous décidons de terminer l’aventure tous les 3 ensemble. Un bénévole nous annonce le Merlan à 8 kilomètres. Je ne peux m’empêcher de lui demander pourquoi il dit ça et que je pense que cela ne fait pas de bien aux coureurs et même au contraire peut faire mal au moral. Le profil annonce 10 kilomètres et au GRP comme le dit si bien Pierre Guilbaud il y a toujours des kilomètres gratuits. Bon ça n’a pas dû lui faire grand-chose ma réflexion car après s’être excusé je l’entendais recommencer à donner les mêmes infos à d’autres coureurs.

On repart donc avec Nico vers la hourquette Nère et une partie qui n’est pas forcément très longue mais que je trouve toujours assez dure et raide sur la fin. Après une petite heure nous voilà arrivés. On s’octroie une pause pom’pote en admirant le paysage avant de se lancer vers le Merlan et la descente la plus compliquée surement de notre course.

On décide d’y aller cool car les cuisses commencent à faire sérieusement mal et on garde en tête les 1423 mètres de D- de la dernière descente vers Viel-Aure. On part donc en marche rapide enfin du moins c’est l’idée que nous en avons mais le rythme n’est pas très élevé. La fatigue et surement le relâchement ont raison de nous. Nico me dira après la course qu’avec François ils s’endormaient limite sur les bâtons…

François aurait un moment de moins bien, je répète François aurait un moment de moins bien et se plaint d’avoir mal aux jambes.

Trève de plaisanterie cette descente est vraiment compliquée et on se fait déposer par des coureurs du 80 qui passent comme des fusées au regard de notre rythme. Quand je pense que j’avais adoré cette descente il y a 2 ans sur le tour des lacs et que j’avais mis sur « entre Rapvistes » (Groupe Facebook privé) qu’il y avait des parties super sympa, et bien franchement cette année je les cherche toujours ces parties.
Les cailloux, les racines dans la sapinière et autre casses pâtes hantent notre descente. On voit le temps qui défile et on perd nos derniers espoirs d’être arrivés pour 21h00 alors que cela nous semblait peut-être jouable à Tournaboup. Et puis la délivrance le lac de l’Oule se présente à nous. Si si Pierrot je t’assure c’est bien le lac de l’Oule . On reprend ensuite 159 de mètres de D+ et 2 kilomètres plus plat pour enfin rejoindre le restaurant du Merlan à 19h10 après 2h30 de descente.

LE MERLAN – VIELLE-AURE 110.400 à 123.900

Devant nos difficultés dans la dernière descente on avait convenu tous les 3 que nous devions nous faire mal et poser les cerveaux pour la dernière descente vers Viel-Aure car sinon on allait finir à 2h du matin. Après s’être ravitaillé avec de la bonne pastèque (merci Nico) on attaque les derniers mètres de dénivelé positif, environ 175 mètres, vers le col de Portet. François est parti un peu devant pour se changer là-haut car nos accompagnateurs, bien entendu, sont encore là pour nous . Le long de la montée avec Nico je commence à cogiter au fait que l’on va finir et l’émotion monte soudainement quand je lis le sms d’Elo et que je pense au coup de fil que je vais lui donner ce soir. Elle a géré ses journées de boulot et nous a soutenu tout au long du parcours sans relâche. Son soutien même de loin est tellement important pour moi.

Le passage du Merlan est toujours un peu particulier car j’ai bâché à cet endroit en 2012 et j’ai toujours le droit au chambrage qui va bien depuis (manque de fentes sautées, squats sautés, chaise…surement à l’époque ). Nico me confie aussi son émotion et on finit tranquillement cette dernière montée. Au col ce n’est pas les grosses chaleurs alors on enfile les manchons et on fait un dernier bisou à la famille en se donnant rendez-vous sur la ligne d’arrivée. C’est top ce moment car les enfants commencent à réfléchir à comment ils vont courir avec nous, ou ils vont se positionner pour venir nous chercher… ça nous donne la banane car on se dit c’est bon on va le faire on va aller au bout.

On repart donc gonflé à bloc dans cette dernière descente pour 1423 mètres de dénivelé négatif. Dés le départ on sent que l’on est bien et que nous allons avoir un bon rythme. Perso je me sens au top. J’adore cette descente et terminer en courant c’est un réel plaisir et une récompense de toute la prépa fournie pendant des semaines. Ca fait tellement de bien à la tête après être passé par tant d’émotions tout au long de la course.

On alterne donc course et marche rapide jusqu’au faux plat descendant dans le champ que nous redoutons tous les 3 car ce passage fait vraiment mal (en tout cas pour nous). Puis arrive la barrière qui nous délivre de ce passage et nous emmène tranquillement après quelques kilomètres vers Soulan. On prévient alors la famille que nous arrivons et pour être parfaitement honnête on s’enflamme quelque peu sur notre heure d’arrivée en annonçant 21h30 : euphorie quand tu nous tiens…

A Soulan on retrouve Christophe Taxil qui finit son 160. C’est très sympa, on échange sur nos courses respectives. Puis on enchaîne les lacets et les descentes entre les cailloux nous ramenant vers Vignec. J’ai une pensée pour Justine et Mathilde et je me dis qu’on l’a fait que nous allons valider toutes les promesses de dons, c’est génial.
On n’avait comme objectif de ne pas rallumer les frontales mais dans les chemins creux on ne voit plus beaucoup et on ne prend donc aucun risque car c’est surement pas le moment de se blesser. On s’arrête donc 2 minutes pour remettre les frontales et en repartant mon téléphone sonne :
« Juju c’est Sandrine vous êtes où ? »
« On arrive sur Vignec »
« Ok alors on peut commencer à faire du bruit avec les copains du RAPV qui sont au restau ».
Ca raccroche et dans les secondes qui suivent on entend les cris des copains en bas. Quelle joie intense de les entendre et quel plaisir de se retrouver. On file donc à bonne allure vers Vignec que l’on traverse jusqu’au restaurant on l’on retrouve les copains qui nous accueillent à grand coup de check et de félicitations. Ce moment je le garde gravé en moi car on voit aussi ceux que l’on avait pas encore pu voir du week-end et qui ont fini leur course, ceux qui ont dû renoncer… c’est un super moment de partage. J’en profite pour féliciter le coach de sa top performance avec Pierrot. ENORME, RAPV mas que un club.

On file ensuite sur la route qui nous paraît bien calme à côté du moment que nous venons de vivre. On retrouve Clarence qui est venu une nouvelle fois nous chercher et on termine le long de la neste en papotant avec Juju Neau qui était aussi venu à notre rencontre et qui court comme un petit lapin. Et puis enfin le moment d’éteindre la frontale car les enfants sont là et piaffent d’impatience de nous prendre la main pour finir avec nous. Encore un moment inoubliable auquel j’ai beaucoup pensé avant la course mais auquel je me refusais de penser pendant. Nos accompagnateurs sont tous là pour nous encourager dans ces derniers mètres et enfin… la délivrance nous passons la ligne après 34h53 d’effort, 129Kms avec le rab, 7000 mètres de D+ et 8000mètres de D-.

Curieusement l’émotion ne me gagne pas de suite. On se congratule avec Nico et François et je remercie mon frère pour m’avoir notamment attendu vers Gèdre retour ou j’étais vraiment dans le dur.
Je profite que le speaker soit à côté de nous pour évoquer notre action auprès de Mathilde et quelle joie d’annoncer devant tout le monde que notre course a permis de récolter 3100€.

En allant au ravito on prend le temps d’embrasser nos familles si importante pour nous tout au long du parcours. Je croise Micka venu nous féliciter et en échangeant les larmes me viennent aux yeux avec le sentiment d’être allé au bout, d’être fier et de mériter ce moment après tous ces efforts pour se préparer. Je croise aussi Pierrot juste avant le ravito final pour une discussion autour de nos courses et je le félicite de sa performance (bravo encore à toi mon Pierrot). C’est top de voir tout le monde comme ça et de pouvoir tous échanger ensemble.

POUR FINIR

Comment ne pas conclure ce récit par de grands remerciements.

Tout d’abord à nos fidèles accompagnateurs, qui ont fait des heures de route pour nous voir parfois peu de temps, qui nous ont attendu et parfois au mauvais endroit , qui ont mangé sur le pouce, qui ont stressé de nous louper… mais qui nous ont toujours soutenu tout au long du parcours, qui ont trouvé les mots justes pour nous faire du bien et nous motiver. Un regard, un bisou, un câlin des enfants, la présence de la famille il ni y’a rien de mieux. Alors un GRAND MERCI à vous Estelle, Clarence, Margaux, Andréa, papa, maman, Romane, Marceau et bien entendu Elo qui même de loin a parfois été si proche de moi par ses sms et ses encouragements. Votre soutien a été sans nul doute une des clés de notre réussite.

Merci aussi à tous les copains du RAPV pour les messages de soutien, les encouragements et votre présence à Vignec. Le RAPV défend des valeurs et ce week-end dans les Pyrénées a encore été une fois une manière de les afficher et de les mettre en avant.

Et puis enfin pour terminer comment ne pas remercier mon grand frère qui m’a motivé dans cette belle aventure, ce fût un moment de partage unique. Je connaissais la machine de Bertone mais sur ce GRP j’ai appris à connaître une nouvelle machine. Bravo à toi François pour ta course tu as été hyper costaud et un grand MERCI car ton soutien a été primordial et essentiel pour moi.

Ah oui et pour info après discussion avec les bénévoles des ravitos nous venons officiellement d’acheter des actions chez Knorr, Panzani et Danette