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Mathieu Bernard double 43 et 80 au GRP

Mathieu Bernard double 43 et 80 au GRP

Un grand bravo à Mat qui nous gratifie d’un joli récit pour nous faire partager sa course.

Un petit retour rapide sur ce we de folie au Grand Raid des Pyrénées! Avec l’enchaînement du Tour du Néouvielle et du Tour des Lacs en 2 jours! 123km 7500D+!
Ma plus grosse crainte était de garder mes pieds dans un bon état lors de la 1ère course (et oui à chaque longue distance, je souffre des pieds que ce soit ampoules, échauffements et ongles arrachés) pour cela je décide de courir avec mes Altra Escalante qui pour moi sont des chaussons (des chaussures de route drop 0).

Après avoir passé une journée inoubliable en compagnie de ma moitié Emeline Bernard Pelon sur une 1ère course le Tour du Néouvielle 43km 2500D+ FINISHERS en 09h39 pour la 1ère grande course de ma chérie en montagne…quelle fierté (je l’avoue j’étais grave stressé pour elle) mais tout s’est déroulé à merveille malgré une dernière descente difficile.
Finir main dans la main avec mes enfants et ma femme devant mes parents, m’a vraiment ému, la plus belle des arrivées à ce jour, quelle émotion!
Au fil des kms de cette journée, je n’arrêtait pas de penser à la course du lendemain car mes jambes étaient vraiment dures (je ne pensais pas que cette distance me prendrait autant d’énergie)!
D’ailleurs lors du dernier km, je n’arrêtait pas de dire à mes accolytes Jean-christophe Renaud et Guillaume Francheteau que je craignais de ne pas réussir mon défi (bon eux déconnaient comme d’habitude et me rassuraient! Encore merci les mecs).
Bon point positif, l’état de mes pieds est nickel!

03h15, le réveil sonne, après un bon 1/4 d’heure à émerger dans le lit j’arrive par miracle à sortir mes fesses du canapé!!
Une assiette de pâtes jambon gruyère ketchup et hop je prend la direction à pied de la ligne de départ pour rejoindre les copains du RAPV.

05h00, c’est le départ, je ne prend aucun risque je décide de m’économiser au maximum. Pour une fois je ne me suis pas fait de plan de route aucun objectif sauf celui d’arriver frais au Pic du Midi (bon ok j’espère juste finir sous les 20h en gardant le rythme que j’avais sur le 43!)
Dès la 1ère montée au Pla d’Adet je m’aperçoit que la journée va être longue, les jambes ne répondent pas, je n’arrive pas à suivre les potos du RAPV, je décroche donc mais beaucoup de concurrents me doublent (1er gros coup au moral, je bouille, à chaque fois qu’un coureur me dépassait je me disais vas y part je te ….. à la fin!!!Et oui on se rassure comme on peut!!)
La longue montée au Col du Portet me rassure, quand la pente se durcie je suis bien, à l’aise et je commence à doubler! Dans la descente en arrivant au 1er ravito au Merlans, mes cuisses sont dures j’ai du mal à courir je comprend que je vais vraiment souffrir à chaque descente! J’arrive au Merlans en 2h53 je suis satisfait, je croise Romain Chantreau cela me fait un bien fou, il gère lui aussi (à ce moment là je me dis que si j’arrive à rester avec lui c’est sûr on réussira à revenir sur les copains devant).
Mais au moment de repartir je me retourne et plus de Romain, et merde tanpis.

Allez direction la Mongie, c’est reparti, nous empruntons les mêmes chemins que la veille pour rejoindre le col du Bastanet, Romain m’a rejoins (en faite il était encore au ravito quand je suis parti), du haut du Col jusqu’au refuge de Campana, je galère mes pieds me font souffrir, ils chauffent déjà et dans la descente vers la Mongie c’est l’horreur j’ai les pieds qui brûlent je cours difficilement. Je perd Romain de vue et je me ramasse une belle gamelle à cause d’un caillou (2ème coup au moral et je suis qu’au km 25!). J’arrive à la Mongie exténué, je ne suis plus lucide, gros coup de chaud. Heureusement Emeline, mes enfants et mes parents sont là pour me remonter le moral. Malgré tout, j’en ai pris plein la vue donc je suis aux anges.
Merci à Cyril Gouas pour mes gourdes, je change de chaussures pour soulager mes pieds ( je reprend mes Altra de la veille), je m’alimente et je repars direction le Pic du Midi.

Ce ravito m’a fait vraiment du bien, je repars au taquet pour aborder cette longue, très longue montée vers le Col de Sencours 5.4km pour 658D+. Les mollets commencent vraiment à chauffer, je souffre énormément de la chaleur je m’arrête donc dès que je peux à chaque torrent pour m’asperger d’eau, je perd beaucoup de place! Mais le moral est là donc sa va. En plus la vue est magnifique, le panorama en montagne j’adore, quel bonheur d’être là. J’arrive au Col de Sencours où je vois Anthony qui a abandonné sur blessure (je suis dégouté pour lui et là je me dis Mathieu tu n’a pas le droit de ne pas aller au bout, tu as juste mal aux jambes et aux pieds donc rien de grave, malgré la déception d’être largué par les copains à ce moment là je sais que rien ne m’arrêtera! C’est parti pour l’ascension du Pic du Midi que je connais bien, je croise tous les potos dans cette montée cela fait du bien car courir tout seul pendant de longues heures ce n’est pas facile mais c’est ce que j’adore! J’arrive en haut du Pic en 10h37, je pointe, une vidéo et c’est reparti pour 10.6km de descente ma plus grande crainte!

Cette descente devrait être pour moi un moyen de me rassurer, de me lâcher et de gagner des places car je ne la trouve pas trop technique. Mais il n’en ai rien, mes jambes tétanisent dès que j’accélère, mes pieds me font souffrir à chaque appuis, je décide donc de ralentir et de trottiner voir marcher pour me soulager. Et boum d’un coup plus de force, plus de jus, je tiens à peine sur mes jambes, 1er coup de mou un vrai coup de massue, je m’asperge la tête d’eau et prend une compote. Je me rassure en me disant que ma famille et que surtout mais loulous seront au ravito. Je rejoins Tournaboup après 12h24 de course et surtout presque 2h de descente. Je reste près de 35min près des miens pour me refaire une santé, même assis mes jambes continuent de trembler c’est fou! Après avoir bien manger, fais de gros calins à mes titis je repars, j’annonce à mon père à dans 09h00 à Vieille Aure!!!

De Tournaboup à la Cabane d’Aygues Cluses, je n’arrive plus à courir, de part mes douleurs aux pieds (et oui les cuisses vont mieux) mais aussi à cause du terrain pierreux. Je décide donc de marcher et de profiter au maximum du spectacle que j’ai sous les yeux, c’est magnifique, je prend un maximum de plaisir sur cette partie interminable. Arrivé à cette cabane, je décide de me changer avant la nuit, et je repars avec des coureurs du 120 et du 220 (ce n’est pas bien mais cela remonte le moral de voir des concurrents vraiment plus mal en point que moi!). Direction la dernière difficulté du jour la montée de la Hourquette Nère.

Sur cette partie je me sens vraiment bien, je suis dans un petit groupe, nous récupérons et doublons pleins de coureurs, nous n’avons qu’un objectif passer le col avant la nuit. Et nous y arrivons, en haut quel spectacle nous avons le droit à un magnifique couché de soleil, sa vaut le coup de se faire mal pour voir un tel spectacle naturel! Après avoir mis la frontale, les 7 derniers km de descente nous séparant du dernier ravito est un vrai cauchemar pour tout le monde et surtout interminable, personne ne courre et nous perdons beaucoup de temps. Dans la montée vers le Merlans, l’allure est vraiment basse, je décide de suivre un coureur qui se met à doubler, rapidement nous nous éloignons et distançons les autres, je regarde ma montre je vois 6.2km/h, cela me booste. J’arrive au dernier ravito au Merlans en 18h29 où il y a beaucoup de monde, je reste 3min et c’est reparti! A cet instant je sais que je serais finisher!

Je connais par coeur la dernière partie de la course, 1.6km de montée pour rejoindre le Col de Portet puis 12.1km de descente. La montée se passe très bien, je rattrape plusieurs concurrents. Arrivé en haut, mes pieds me font vraiment souffrir, je sens les ampoules me picoter, j’ai du mal à appuyer dessus. Je décide donc de débrancher le cerveau et de courir jusqu’au bout tanpis pour les pieds et les cuisses, il me tarde d’arriver. Je me surprend à courir à 7-8km/h, je continue de doubler les concurrents et surtout personne ne me double, le moral est là! Dans la descente la plus raide je ne prend pas de risque, je prend mon temps, je vois une personne qui me laisse passée et surprise c’est Pierre Guilbaud qui en termine avec son 120km (bravo à lui). Je le trouve vraiment frais, je lui propose de finir ensemble mais il ne peut plus courir, je décide donc de finir avec lui et ce changements de rythme me sera fatal. Les douleurs reviennent et l’effort fait juste avant n’a pas arrangé l’état de mes pieds, je n’arrive plus du tout à m’appuyer dessus je suis obliger d’utiliser mes bâtons pour me freiner. Heureusement nous papotons, Pierre me raconte sa course. Les derniers km sont vraiment long car nous sommes vraiment fatigués Enfin nous voici à Vignec, plus que 2 km! à 800m de la ligne, mes parents sont venus à ma rencontre, je réalise enfin que mon challenge est relevé et oui je serais finisher des 2 courses, les larmes montent tellement j’ai souffert et tellement j’ai pris de plaisir durant cette journée. C’est difficile à expliquer.

Je franchit la ligne d’arrivée en 21h32.

Merci à ma chérie Emeline Bernard Pelon et mes enfants de me laisser faire ce que j’aime et merci à mes parents pour le suivi de la course vous avez été parfait 👍

Le résultat est à l’image de la prépa que j’ai effectuée à cause des blessures c’est à dire moyenne! Mais je suis fier d’avoir relevé ce challenge car il était vraiment pas facile!

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