De la sortie du dimanche à l’ultra…
L’histoire démarre un dimanche de décembre 2020, avec le contexte covid on a pris l’habitude de se rejoindre le dimanche pour un petit run et un long moment de convivialité…Et après quelques boissons houblonnées 🍻🍻, on décide de se lancer un défi « on va faire le tour de Néouvielle » …
C’est comme ça que je me retrouve au départ du GRP en aout 2021 avec seulement un trail dans les jambes, pas simple. Accompagnés de Willos, Yoyo et Keke nous serons tout de même tous finishers.
J’enchaine l’année suivante avec le tour des lacs amené par mon poto le petit prince des Pyrénées alias Flo le guide Montagnard. Je termine cette aventure avec des étoiles pleins les yeux…
La suite c’est une adhésion au RAPV entourée de coachs et coureurs expérimentés, on apprend pleins de choses. Et avec mes compères Mat, Yoyo, Flo, Cout et d’autres, j’enchaine divers aventures (SaintéLyon, Templiers, Vénasque, Raids…)
Et c’est comme ça que je me retrouve au départ du tour des cirques (120Kms et 7500D+) 😅la prépa n’a pas été des plus sérieuses par manque de temps surtout, mais je mise sur mon escapade de juin sur le GR20 Nord et le renfo que j’ai essayé de faire plus sérieusement. Bon on ne va pas se mentir on peut faire beaucoup mieux en terme de prépa…
Bref nous voilà à Piau, une team de 4, composée de Mat, les 2 fous de la diagonale Cécé et Benj et moi. Pour une fois j’ai bien dormi mais clairement je ne suis pas serein. Je me demande bien dans quel chantier je m’embarque 😱…
Retour à Piau en 1h20 on avance bien presque un peu vite. Il fait chaud, je bois beaucoup plus que d’habitude (de l’eau), je mange aussi très régulièrement peut être trop. Je crains d’oublier de m’alimenter mais pour le moment tout va bien, et on attaque l’ascension de port Campbieil. Les sensations sont bonnes et après une longue descente bien gérée on arrive à Gèdre ; 23kms, 11h43. On retrouve notre team assistance toujours au petit soin, je les remercie d’ailleurs car ils ont vraiment assuré.
Et on repart en direction de Gavarnie avec d’entrée une belle difficulté 800m de D+. Mon corps a du mal à gérer la digestion 🤢 (je viens de m’enfiler un wrap et d’autres trucs sûrement trop lourds à digérer) et l’effort musculaire. Ca fini par aller un peu mieux mais bordel c’est raide ! La redescente vers Gavarnie se passe bien, on a un peu d’ombre mais il fait quand même très chaud ; 38Kms, 14h28.
C’est reparti pour le PIC de la PAHULE , clairement un calvaire on doit prendre un truc comme 800 de D+ sur à peine 3 kms, les portions à plus de 40% selon la montre à Cécé, me donne la nausée. Tous les coureurs sont dans le dur. Je me pose une peu pour contempler la cascade de Gavarnie 🤩 et reprendre mon souffle. La descente vers les Espècières est abrupte mais ça passe sans soucis, et au ravito, j’arrive encore à m’alimenter un peu mais clairement plus grand-chose ne me fait envie. J’ai soif d’une bière bordel 🍺… 44Kms, 16h46.
Direction Gèdre retour, les nausées s’intensifient, c’est compliqué de s’alimenter. Je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à cet estomac et je ne peux pas non plus suivre le rythme des copains. Finalement, j’arrive à Gèdre retour légèrement distancé et la team assistance m’attend avec une bière. Ca passe bien ça mais le reste ça ne passe plus du tout. 59Kms, 19h43.
Je repars en direction de Luz et je demande aux gars de ne pas m’attendre, j’en profite pour appeler Sabrina et les enfants qui sont en Vendée. Ca fait du bien au moral, la nuit approche et le trajet jusqu’à Luz va être très compliqué, plus de force et cet estomac qui me fait souffrir de plus en plus. Les premières idées d’abandon me traversent l’esprit mais je sais que je pourrais dormir un peu à la base de vie, je m’accroche à ça. J’informe mes parents de la situation et j’essaye de les rassurer ; eux m’attendent à Saint lary. Je suis à Luz à minuit. J’annonce au trio « moi je vais essayer de dormir ». On se sépare définitivement. Je me change et petit rinçage au tuyau, une belle sieste d’1h 😴, une assiette de nouille et je préviens ma petite femme que je repars. Ca va mieux.
Il est 2H15, direction le refuge de la Glère 13kms et 1600m de D+. J’en ai tellement entendu sur cette montée, je sais que ça va être très dur. En repartant je tombe sur Elodie qui repart comme moi et elle aussi a des problèmes pour s’alimenter. Mais, elle a déjà fait le parcours, son expérience me rassure et on décide de faire équipe. Rapidement 2 autres vendéens se greffent à notre groupe. La première partie de la montée se passe bien mais ça ne va pas durer pour moi. On attaque la soupe de cailloux ou plutôt de rochers, et pour moi les nausées sont de retour. J’essaye de vomir pour me soulager mais impossible. Je subis comme jamais, entre la difficulté du parcours et mon état, là je suis au fond du trou. Je pense à ma famille, mes enfants qui me croit invincible, j’ai peur de les décevoir, c’est interminable on n’en voit pas le bout… L’un des gars a filé devant et mes 2 compères Kévin et Elodie m’attendent, me soutiennent, c’est ça l’esprit trail 😍!
On finit par basculer, je n’arrive même plus à avancer dans la descente qui mène au refuge et pour moi je vais bâcher à Tournaboup, ça ne fait plus de doute.7H49, 86kms.
La vue est splendide mais moi je trouve ça glauque. Il fait froid, on est en plein vent. La plupart des coureurs sont déconfis, bienvenue au refuge de la Glère…
On ne traine pas trop. 2 gorgées de soupe et un demi-carreau de chocolat, direction Tournaboup par la piste. Ouf je souffle un peu, ça va mieux, je recommence à m’alimenter. Elodie nous reboost ; « franchement les gars si on se repose un peu en bas il nous reste une grosse difficulté et après ça peut aller au bout » .Tournaboup 95Kms, 9h45.
J’appelle Sabrina et les enfants, c’est un peu dur de gérer les émotions 🥺 mais ça fait du bien de les avoir ; « j’ai trop souffert cette nuit pour bâcher maintenant, je veux essayer d’aller au bout ». Ils sont inquiets mais ils me comprennent et m’encouragent. Je prends le temps de lire quelques messages des copains et de la famille. Ils sont fous, quelle chance j’ai de vous avoir tous à mes côtés ça fait du bien de se sentir soutenu. C’est une belle dose d’énergie positive tout ça…
Après une belle pause et un bon ravito, c’est parti pour monter à cabane d’Aygues cluses. Là je connais je sais que ça va être long mais on va prendre le temps. Ca monte progressif, je commence à me projeter sur une arrivée. Il fait très chaud, on se refroidit dans le torrent aussi souvent que possible. La fin de montée est terrible, on arrive au ravito, je suis en surchauffe 🥵. Les nausées sont de retour. J’attrape une bouteille d’eau, je bois, je m’asperge. Il n’y a pas d’ombre je n’ai pas envie de manger quoi que se soit. Faut pas trainer ici…102Kms, 12h52. Je me trouve un coin d’ombre un peu plus loin et je m’allonge 5 minutes.
Reste plus qu’à franchir Hourquette Nère et après, ça doit le faire. Clairement là, je débranche le cerveau. Elodie mène le train comme dans toutes les ascensions d’ailleurs, quelle machine ! Sans s’alimenter beaucoup elle est impressionnante ! Kévin suit lui sans se plaindre il n’a pas l’air trop mal.
Soulagement on arrive là-haut en mois de 45 minutes. On profite de la vue magnifique et les premiers copains des autres courses commencent à me rattraper, c’est top, ça va être comme ça jusqu’à Merlans 🥰 et ça me fait un bien fou. Je reprends enfin plaisir dans ce Néouvielle rocailleux. C’est le seul moment où je me sens un peu mieux que mes acolytes, ça fait du bien au moral mais hors de question d’accélérer on va finir cette aventure à 3. Un stop au Merlans et à ce qui parait, j’ai une bonne tête…113Kms, 16H47.
On finit par une descente modifiée à cause des orages qui brule bien les cuisses, le tout arrosé par une belle averse comme un dernier signe que la montagne est rude ! mais ça commence à sentir bon.
A Vignec, la team Artiguette est là pour m’accueillir, mes compagnons de début d’aventure sont là tous les 3 finishers et heureux de me voir arriver enfin …Encore un énorme merci à leur team assistance qui a vraiment été au petit soin avec moi !
Et on arrive le long de la Neste, les félicitations pleuvent, l’accueil à l’arrivée est incroyable. Mes parents, mon frangin, les copains, jeunes et moins jeunes, sont là. Ma femme et les enfants sont en live, je savoure le passage de la ligne avec mes trois compères. On la fait, on est tous les 3 finishers 🏅🏅🏅!!! Vielle Aure 19h59, 129kms.
Quelle aventure ! Mon bilan est, malgré la souffrance, très positif :
– J’ai aimé ce format long car on profite des paysages plus que sur les courses plus courtes et rapides,
– J’ai adoré l’entraide, le partage entre 3 parfaits inconnus et la bienveillance des bénévoles du Grand raid des Pyrénées,
– Les émotions que procurent ce genre de course, le dépassement de soi, se retrouver seul face à ses doutes et ses convictions,
– Certes il faudra surement revoir l’alimentation et se servir de cette expérience pour s’améliorer, mais ce genre d’aventure me fait clairement me sentir vivant et m’enrichi personnellement.
Je souhaite à tout le monde de vivre ce genre d’expérience. Je sais que certains ne comprendrons pas mais malgré la souffrance, j’ai déjà envie de recommencer….
Je ne suis pas écrivain dans l’âme et je n’ai pas l’habitude de partager ce genre de choses, mais si ça peut permettre à certains de se servir de mon expérience ou donner envie de tenter des défis similaires, j’en serai heureux et flatté. Et comme dit mon copain Flo, la montagne ça se partage 😍🤩!!!
Mario