Le GRP 120 de Flo
Je fais rarement ça : écrire un récit de course. Alors que je prends toujours beaucoup de plaisir à lire ceux des autres, où je m’imagine à leur place, vivant leur course…
Alors pourquoi en écrire un pour ce grp 120 ? A l’écrire au début je n’ai pas encore vraiment trouvé la réponse, peut être qu’elle va venir en cours ou en fin d’écriture.
L’inscription
L’inscription sur ce GRP 120 se fait comme d’habitude dès le mois de janvier, et l’envie de passer la marche au dessus du 80 s’était vite fait ressentir à la fin du périple l’année dernière (je n’avais pas envie de retrouver la civilisation en descendant sur vieille aure, juste envie de rester en montagne, mais je ne m’appelle pas Bernard Moitessier 😂, et passer la ligne avec Mario était vraiment un grand moment de partage).
Ah il est loin le temps où lors de mon premier départ de 80 en 2021, tous les uns derrière les autres dans la première montée au portet sans que personne ne se parle, je m’étais dit : mais qu’est ce que je fous là ?? C’est pas comme cela que je vois la montagne, gavé de monde, personne ne communique, l’impression de monter le lac de gaube en plein mois d’août en croisant les « n’a pas dit bonjour » !
Mais petit à petit, je me suis fait emporter par la magie grp, une course qui te permet de te faire découvrir le meilleur du neouvielle tout en gardant une simplicité et une humilité dans l’organisation.
Pourquoi le 120 ? Et pas le 160 comme certains potos semblaient vouloir se diriger..?
Parce qu’avant tout, j’ai envie de découvrir certaines liaisons de vallées que j’ai pu pratiqué d’hiver sans passer derrière (port cambielh entre piau et gèdre, la liaison gedre-Gavarnie par le plateau de Saugué, les espuguettes et hourquette d’alan entre Gavarnie et Estaubé..), aussi pour le fait de découvrir cette glère dont tout le monde parle, le « mordor » entre la glère et le refuge d’aygues cluses… Très bien, j’avais pas envie de redescendre à tournaboup, tant qu’à faire de découvrir de nouveaux sentiers, parfait !
Et aussi parce qu’on t’annonce tout ça très technique ! Parfait, je kiffe tellement quand faut jouer « avé les cailloux » comme disent les locaux. Les conditions sont réunies pour passer de bons moments en altitude !
Je suis là où je veux être
Tout comme ce départ de 120 à piau ! La météo annoncée pour le 1er jour est juste parfaite, et quand tu passes la mer de nuage en car le matin en montant et que le ciel s’embrase au lever du soleil, je me dis que je suis là où je veux être.
Entouré des potos du rapv et de plusieurs connaissances aussi, j’avoue avoir assez peu de stress. Pourtant, je n’ai jamais fait si long, jamais de nuit complète en course, mais j’ai justement envie de découvrir ça, hâte même de voir comment le corps va assimiler ça !
En regardant le profil de course et les barrières horaires (si si je vous jure j’ai anticipé un peu ça qd même 😉), je me disais que si j’arrivais à maintenir mon rythme de montée en off, et de descendre régulier, ça doit passer pour arriver avant le samedi soir et être au resto avec les potos du rapv 🤩).
Pas d’objectif concret au niveau temps, juste l’idée de passer un pur moment en montagne, de me retrouver avec moi même, et juste d’aller voir la crête suivante, la vue sur la vallée d’après, et d’avancer pour découvrir encore le col et le lac derrière…
Alors si vous couplez ça avec le fait de voir mes filles et mes parents qui vont me suivre tout le 1er jour, le cadre est posé pour vivre de grands moments d’émotion et de partage en montagne.
Goooo pour la 1ère montée/descente sur piau! Je prends plaisir à me remémorer les descentes dans la poudreuse de l’hiver dernier avec les potos, à visualiser la suite du parcours avec la vue sur le port cambielh en passant par la vallée du Badet et ses marmottes, et à comparer mon rythme à celui de la gela en 2019. Bref, ça se fait bien tout en discutant avec déjà une belle rencontre, un vendéen des Clouzeaux d’où est originaire Aurélie. On va faire un pti bout de montagne ensemble. Je suis entouré des potos du rapv : micka devant puis le club des 5 : Pascal les 2 Guillaume, raph Alexis juste devant, Anthony et Anne Marie juste derrière. L’idée est de me mettre à mon rythme que je maîtrise (quel avantage de faire des off, encore merci coach coachette et tout ceux qui organisent ces moments de partage 😍, c’est grâce à vous ça) sans vouloir chercher à suivre le club des 5 devant.
Dans la montée, le ciel s’est embrasé avec un lever de soleil de cinéma 😁.
On grimpe sur les pistes de ski, pas foufou mais l’arrivée en haut de la station est toujours aussi sympa avec une belle vue sur la vallée qu’on va engager après, le port cambielh 😁.
Descente tranquille, un peu à la queue leu leu sur le haut en single, puis après sur les pistes assez larges où je descends en mode gestion.
Un rapide ravito à piau et en avant pour la montée du port Cambielh. Joli col qui monte doucement au départ, puis les pentes se prononcent plus au fur et à mesure. Je me dis qu’il faut que je revienne d’hiver me faire ce beau terrain de jeu en splitboard avec les potos, plus tard…
Je retrouve les gars devant, sans monter sur un rythme plus rapide (tous à la queue leu leu aussi !), antho me retrouve en haut du col et on démarre la descente sur gèdre ensemble quasiment (sans prendre de fiole bordel, les gars partaient au moment de la sortir !!)
Belle descente qui se court bien, belle météo, idéal! On voit qu’on va rentrer dans la brume avant gèdre, trop bien, dans la vallée il fera moins chaud, et j’adore ces ambiances brumeuses aussi en montagne. Et je sais que je vais retrouver mes filles que je n’ai pas vu depuis 3 jours (elles sont sur cauterets avec mes parents, l’avantage étant que cauterets est à 45 minutes de route, vraiment un plus par rapport à St Lary).
Bonnes sensations depuis le départ, pas de douleur, rando gourmande 😉 où je mange mes graines habituelles, saucissons, un peu de pompote.. Et j’alterne eau et eau + poudre meltonic goût citron, juste histoire de varier les plaisirs ! Ça passe bien !
Andouille saucissons locaux, wraps
Le petit plus, c’est que j’avais missionné mes parents d’apporter de bonnes saveurs locales sur les ravitos, pour varier les plaisirs.. Andouille saucissons locaux, wraps 🤩. Au top maman merciiii !
Même le club des 5 potos avec qui je suis arrivé à gèdre en profite, trop bien ! Malheureusement, antho n’a pas pu suivre, gêné par des soucis digestifs. Je ne vois pas Anne Marie arriver mais les barrières horaires sont encore larges (plus d’1h30 d’avance).
Je laisse les gars repartir faire leur course, moi je profite du moment avec mes top assistants. J’ai le temps, il fait beau, je suis bien, je suis entouré des personnes que j’aime, idéal !
De plus, je sais que je vais les retrouver à Gavarnie d’ici quelques heures.
Un check d’encouragement et de partage avec les filles et mes parents, et gooo !
La partie gèdre Gavarnie est aussi un endroit que je souhaite découvrir, par le plateau de Saugué qu’un ami guide de cauterets (Joël) m’avait déjà conseillé en rando, hiver comme été.
Cette montée se fait bien en sous bois, à l’ombre, vraiment idéal. Au moment de basculer sur la partie descendante en direction du Gr10, je retrouve Anne Marie! Je ne l’avais pas vu passée au ravito. C’est certain qu’avec mes 25 minutes (minimum!) de ravito à gèdre à discuter avec ma famille, je n’ai pas été attentif tout le temps aux coureurs qui passaient. Qu’importe, je prends mon temps, je me découvre sur une telle distance donc gestion avant tout et surtout j’admire l’environnement dans lequel j’évolue, guettant le moindre isard ou bouquetin débouler, ou bien le gypaète nous survoler magistralement. En arrivant au plateau justement, le cirque de Gavarnie et ses sommets emblématiques s’ouvre devant nous, magique! Je m’amuse à les énumérer un par un, avec des trous de mémoire que Joël aurait rapidement comblé !
On prend le temps de discuter avec Anne Marie avant de basculer sur la transition gr10-Gavarnie. Je m’amuse dans la descente, et je reviens sur un coureur qui, de loin, me fait penser qu’on ne court pas dans la même catégorie… A sa hauteur, avec son buff basque et ses cheveux grisonnants, de suite je le questionne sur son âge ! « mais papy, c’est bon ça, bravo, je suis obligé de vous demander votre âge ! ». 75 ans, bientôt 76 ! Mais trop bien, j’espère être comme vous plus tard. S’en suit toute une discussion et des échanges riches sur ses origines (Espelette !) , pourquoi il court/marche en montagne, l’adaptation du corps au milieu naturel dans lequel il évolue depuis longtemps.. Je kiffe tellement ces rencontres, vraiment inspirantes.
Goût de la montagne
Je pense de suite à mon père (même âge), qui, si il avait pu avoir accès à ces courses montagne du temps où il courait, aurait tellement kiffé ! Je sais déjà la première discussion que je vais avoir avec lui à Gavarnie en le retrouvant.
Je sais avec mes parents, qu’ils sont heureux de me voir évoluer en montagne, mais c’est avant tout grâce à eux tout ça. Le virus est transmis, et de quelle manière ! Ils nous ont transmis ce goût de la montagne, en nous y emmenant très régulièrement, hiver comme été, arpenter les sentiers tout bébé, sur le dos ou dès que nous savions marcher/skier.. Et je ne les remercierai jamais assez de la chance que j’ai d’avoir vécu ça, ils en sont à l’origine c’est sûr (quand j’entends mon père dire qu’il adorait descendre en montagne en courant, je me dis que la génétique a parfaitement fonctionné, n’est ce pas Guillaume Jourdain 😉)
Je laisse mon ami d’espelette et son dicton basque « a tiepi kiapa » qui veut dire avancer petits pas par petits pas (dédicace à Luc du rapv 😉), et j’arrive à Gavarnie au ravito où je retrouve mes mimies et mes parents tout attentionnés. 2e gros stop où je prends le temps de discuter et répondre aux questions de mes filles notamment. J’aperçois micka du rapv qui fait une sieste dans un lit de camp à l’intérieur, en espérant que tout va bien.
Je discute avec Clairette la femme de Guigui Gouas, elle me donne des nouvelles des gars qui sont devant. Arrive Anne Marie qui repart devant à nouveau, son stop est plus rapide que le mien encore 😁 !
J’ai toujours autant d’avance voire plus sur la BH, il fait beau toujours, je ne déroge pas à mon envie de profiter de mes proches, donc stop 30 minutes 😍.
Je recharge avec le saucisson local dans mes graines, rien de tel que de bonnes saveurs cauterésiennes en montagne, accompagnées d’un peu d’andouille béarnaise, hummm.
On repart ensemble et on fait un petit bout de chemin en commun, trop bien !
Je transmets qu’il y a un accès routier aux gloriettes si ils veulent me voir passer là bas aussi, mais quand eux vont mettre 30 minutes, moi j’ai presque 4 heures pour m’y rendre. Ils vont en profiter pour que laurine et élise fassent un tour de poney dans Gavarnie, qui leur rappelleront des souvenirs quand ils nous emmenaient enfant en montagne.
L’approche au fond de cirque de Gavarnie est juste sublime, et la cascade au bout tout autant. J’ai déjà arpenté l’hiver dans l’autre sens une partie du sentier que nous empruntons pour monter au chalet de Paillat, cadre idyllique pour se poser l’été. L’hiver, c’est un sentier fermé par le bas, mais qu’on peut prendre par le haut où on y découvre des structures de glace magnifiques. Je comprends mieux d’ailleurs pourquoi elles se forment en y passant ce jour là, couloirs sous la roche avec de fines gouttes d’eau qui sont à l’origine de ça l’hiver, faudra que j’emmène mes filles ici d’ailleurs 😍.
L’approche au refuge d’espuguettes est magique tout en discutant avec un toulousain qui connaît bien les stations de peyragudes, piau… On grimpe avec un panorama à couper le souffle : brèche de Roland, Taillon, le Lary et surtout le massif du vignemale et son glacier d’ossoue que je n’ai pas l’habitude de voir sur ce versant, mais il est toujours aussi beau, hyper crédible en tant que cauterésien de seconde souche 😁. Bref, je me régale de ce panorama et je prends quelques minutes assis à contempler ça avec le ravito et la top ambiance des bénévoles au refuge.
Je repars avec Mika Daheron juste derrière qui me reprend. Juste avant la hourquette d’Alan, je trouve un poto de St André d’Ornay en pause au bord du sentier, les yeux fermés . Mauvais moment, il me dit qu’il va arrêter, mais c’est que là, pour arrêter, l’helico viendra pas te chercher là ! A sa demande, je le laisse se reposer, il abandonnera à gèdre retour mais au moins il aura profiter de ce très beau cirque d’Estaubé. Avant d’y rentrer, le passage au col est génial avec 2 bénévoles à la bière.
Bah là y’a col, donc topette de pineau ! Je la partage avec un guide de moyenne montagne avec qui on a des connaissances en commun sur les vallées de cauterets et Arrens, lui hallucine un peu de voir cette topette sortie de mon camel, bah quoi, ça se partage ces moments là 🤩.
Anne Marie, que je retrouve en haut de cette hourquette d’alans, n’est pas au mieux, dommage qu’elle ait refusé la topette 😁, ça l’aurait forcément requinqué, ou pas… On repart quand même ensemble pendant quelques minutes mais on convient que chacun aille à son rythme en descente.
Je me mets en mode descente à l’économie où j’ai l’impression que je pourrai courir comme cela pendant des heures, je kiffe tellement. Encore plus en chaussures minimalistes (minimus pour celles et ceux qui connaissent) où malgré la technicité du terrain, je ne ressens aucune gêne. Je m’y habitue en off 1 à 2 journées en moyenne depuis 3 ans, ainsi que lors de mes sorties régulières sur cauterets l’hiver, alors l’idée de prendre le départ avec s’était vite décidé. Et pourquoi pas tout faire avec ? J’ai une paire d’altra superior à la base vie à Luz si besoin. En attendant Luz, je m’éclate dans cette descente en reprenant quelques coureurs, et en profitant de ce cirque d’Estaubé que je découvre.
Je suis pressé d’arriver aux Gloriettes car j’ai encore ma team de ouf qui m’attend. Un check d’arrivée sur eux, quelques échanges, un peu de boisson gazeuse, trop bien j’ai même un ravito rien que pour moi !
Ils m’annoncent qu’ils vont me suivre aussi une dernière fois à gèdre retour avant la nuit. Papa m’encourage, tout en parlant aussi de Guillaume mon frère. Oh là, moi aussi j’y pense fort tout au long de la course, je lui parle parfois, je pleure en même temps que j’admire le paysage, tout en me disant qu’il aurait tellement kiffé faire ça aussi lui, et que j’aurais aimé partager avec lui. Je viens chercher ça aussi en montagne, me libérer de ces émotions qui remplissent le quotidien habituel, et qui sortent ici, dans ce cadre, parce qu’on y a vécu tellement de bons moments ensemble en montagne sans doute. Je ne l’explique pas, juste je le vis parce ça fait un bien fou, et que ça me fait sentir Vivants 😍.
J’aurais l’occasion d’y revenir plus tard 😉
Je repars des gloriettes avec Elise qui fait un bout de chemin avec moi, elle hésite même à faire les 5kms de descente avec moi. Faut dire que mes 2 gazelles kiffent la descente comme moi, sans appréhension (tiens la génétique encore ? 😉😁). Elle se ravise, on se check et gooo pour moi.
Je reviens sur 2 coureurs super sympas, 2 cousins avec des origines malgaches et réunionnaises, s’en suit toute une discussion sur la Réunion forcément, ça rappelle des bons souvenirs cette diag en off et ce top voyage en famille il y a un an bientôt !
Les premières frontales sortent des camels
L’obscurité se fait ressentir, les premières frontales sortent des camels. J’en profite pour passer un coup de fil à Aurélie restée en Vendée, avec mes oreillettes sans fil trop pratique. Oui oui, je me suis décidé à les emmener qd même, je suis pas du genre à « m’isoler », je préfère écouter les bruits de la nature, l’environnement dans lequel j’évolue. Mais il est vrai que la longueur de la course et toute la nuit passée dehors, je m’étais décidé à les emmener. Bien m’en a pris car pour appeler, c’est très pratique. Téléphone dans le sac, oreillette installée, t’as les mains dispo, tu cours tranquille et je m’amuse à habituer mes yeux à l’obscurité et à trouver les serres files à suivre dans cette forêt très sympa à courir. Aurélie en rigole au téléphone, je sortirai la frontale qu’à gèdre bordel. Le corps s’adapte comme on dit 😂. Bon, bien content de rentrer dans Gèdre pour trouver l’éclairage public ! Sans se faire de chevilles, parfait ! 😅
Je retrouve une dernière fois mes mimies et mes parents, cette fois ci ce sera le dernier moment de partage avec eux. Ils rentrent sur cauterets ce soir et ne viendront pas à l’arrivée le lendemain, les 2h de route qui sépare la plus belle vallée des Pyrénées 😂 et St Lary ayant raison de la volonté de mes parents de faire la route.
Aucun souci, c’était convenu comme ça et c’était tellement top de partager ces bons moments en famille. Un dernier chek d’encouragement et en avant! Je promets à Élise de lui passer un coup de fil avant qu’elle s’endorme pour la rassurer, t’inquiète mimie, je ne croiserai pas l’ours cette nuit avec le monde qu’il y a sur les sentiers empruntés 😁.
Je repars de gèdre et je reprends un groupe de 4 amis faisant parti du même club de trail en Corrèze. Très bien, l’idée est de rester avec un groupe la nuit pour éviter une mauvaise chute par exemple. Par expérience en montagne, on n’est jamais à l’abri d’un moment de déconcentration d’autant plus dans la partie que nous empruntons à ce moment là. J’étais prévenu de ce passage (merci les potos du rapv), tu te dis que sur le profil, y’a juste 2 montées, et hop tu es à la base vie rapidement. Mais non, ce ne sont pas 2 montées, mais 2 belles patates ! Il faut s’accrocher au câble dans l’une d’elle. Donc c’est bien d’être au moins 2 au cas où.
Je passe devant le groupe, le 1er commence à prendre mes pas et prend « goût » au rythme que je mène, régulier surtout sans se mettre dans le rouge.
On reprend du monde sur cette partie, mais je m’arrête aussi au ravito improvisé en pleine nuit entre gèdre et Luz. Trop sympa ces locaux ! Tourte, thé, saucisson local… Pioufff, ça c’est la montagne !
Bon, je resterai là à discuter pendant des heures avec ces gens à écouter leur récit sur l’origine de cette bâtisse, les accès pour y venir… Quelques minutes quand même à en profiter, et ça repart.
A cette altitude (une des plus basses du parcours) , je me dis que les descentes vont être plus roulantes en sous bois. Mais ça reste technique quand même, et il faut s’habituer à la vision avec la frontale. Je commence à me dire que je comprends mieux pourquoi on dit que ce 120 est difficile. En pensant à la partie après Luz, je me dis qu’on n’aura quasi aucune descente roulante sur notre parcours. Ah c’est pas comparable avec celles du tour du mont blanc 😁.
Juste avant Luz, je reprends devinez qui ? Mon papy basque qui avance « tiepi kiapa »! Lui ne s’arrête quasi pas aux ravitos, force tranquille il avance, toujours. Et j’ai pas fini de le voir 😉.
Sieste de marin
Entrée dans la base vie de luz et je me sens très bien, pas de coup de mou, pas de douleurs, parfait!
J’avais prévu de faire un bon stop et je ne vais pas déroger à cela malgré mes top sensations. Douche froide dehors 😍, changement de tenues, sauf chaussures et caleçon 😉, alimentation ++ pâtes jambon soupe… et sieste de marin de 20 minutes top chrono). Bon sieste c’est pas vraiment le cas, je m’allonge, repos mais sans m’endormir, avec dans les oreilles pourtant une musique douce puis la vidéo de mes amis guide de montagne de cauterets renfermant de très belles valeurs. J’invite tout le monde à aller voir d’ailleurs cette vidéo « Vivants » de AE medias 😉.
Avant de repartir, je reprends un peu de pâtes et de riz au lait, le morceau qui nous attend est costaud. La course commence à Luz comme on dit.
A défaut d’être reparti avec raph et Guigui Gouas que j’ai croisé à la base vie (eux aussi ont fait une bonne pause mais avait trop d’avance sur moi pour que je reparte avec eux étant donné mes intentions de stop)
Après plus d’une heure d’arrêt (j’ai encore plus de 3h d’avance sur la BH, laaarge 😁), je reprends mon chemin en sortant seul de la base vie.
Sauf que la nuit, ce n’est pas conseillé. Personne devant dans cette rue toute droite de luz ! Je me retourne, une lampe arrive, et en plus un dossard vert de 120km, parfait!
Si sa personnalité colle avec la mienne, ça sera top !
Quelques échanges de présentation, on discute. Oui mais à discuter comme ça, on se retrouve au carrefour des routes barèges, gèdre et pierrefite! Et là, le suivi des serres files nous font emmener de l’autre côté du gave, direction pierrefite!
Ah non, je ne pars pas par là moi! Même si c’est la première fois que vais monter dans la vallée du Boulou en direction de la Glère, je sais que ce n’est pas dans cette direction ! L’avantage de connaître un peu le coin que je fréquente l’hiver surtout.
Mon nouveau compagnon de route me suit et me fait confiance, demi tour une première fois, mais on croise des coureurs dans l’autre sens, en l’occurrence des relayeurs du 160 ! Retour au carrefour pour être sûr de ne pas avoir raté des serres files rive gauche du gave.
Bon, toujours pas ! Je ne pars pas dans cette direction moi. Re demi-tour !
Bien nous en a pris car une voiture arrive à notre niveau et nous indique que l’embranchement pour le 120 est à 300 m sur notre gauche maintenant.
Nous sommes donc passés devant avec Dominique, mais pris dans nos premiers échanges, et aussi parce qu’il y avait des serres files devant nous, on suivait !
Très mal indiqué, surtout de nuit. Un bénévole n’aurait pas été de trop ici, surtout que la base vie est à 200m ! J’apprendrais après la course que plusieurs concurrents ont fait la même que nous (pensées pour Mika pour qui cela a entraîné son abandon, à l’inverse de Guillaume Bossard qui a pu récupérer le bon circuit, on ne dira pas comment Mr Bossard 😁😂).
Après cette mésaventure évitée de justesse, nous voilà à l’attaque de ces 1200 de D+ en direction de cette fameuse Glère dont tout le monde me parle depuis des mois. Hâte d’en découdre et de découvrir ce terrain technique.
Avec Dominique, on se découvre de suite sur le rythme de montée. Je sais que ça monte fort dans la forêt au départ. Dès le début, je le laisse passer devant pour jauger, et là, il me met 10 mètres en l’espace de 20 secondes 😱
« Bon, là, Dominique, on ne va clairement pas être sur les mêmes rythmes de montée donc je te souhaite une bonne continuation sur ce 120 ».
Il se retourne et m’attend de suite, s’excuse même !
Mais non en fait, vas y que je lui dis, moi je vais bien retrouver des gens sur mon rythme, et si je reste 30 minutes seul, pas gênant, c’est pas l’endroit le plus délicat du circuit.
Il se ravise et se met dans mes pas, à mon rythme. A partir de là, je sais qu’on va faire un bon bout de montagne ensemble. Et ça va être le cas !
Encore une belle rencontre, un breton, Morbihannais comme mon frère et ma belle sœur, agriculteur de métier ! Plein de sujets de discussion à évoquer, trop bien.
Avec tous ces échanges, on avance bien dans cette nuit qui devient brumeuse en gagnant de l’altitude. L’humidité est de plus en plus présente, on ne voit pas à 10 mètres mais c’est plutôt bien balisé, et l’avantage est que du monde est passé avant nous donc c’est tracé dans ces sentiers de sous bois et de plateaux herbés.
Un petit ravito à l’entrée du plateau, toujours le bienvenu, quelques trailers allongés à même le sol. On double du monde avec dominique, top sensations toujours.
Ça fait bien 2h qu’on est parti de luz qu’un panneau indique le refuge de la Glère à 3h30. Bordel, c’est que c’est pas fini loin de là !
Forcément, on n’est pas encore rentré dans la partie minérale et la haute montagne mais on y arrive.
« La veste 10000 ché pas quoi, c’est 10 minutes au sec max »
La pluie tombe doucement depuis déjà 20 minutes, quelques grondements d’orage qui se rapprochent nous font décider à faire un mini stop pour mettre la veste pluie, car on sent que ça monte en puissance..
Et on va être servi ! Servi de sceaux d’eau ! C’est là que tu te dis que la veste 10000 ché pas quoi, c’est 10 minutes au sec max 😁.
On poursuit la montée toujours sur mon rythme de croisière, on reprend toujours du monde. Mais on va rentrer dans une autre dimension quand les éclairs viennent péter tout près. Bon, alors, autant la pluie, OK, mais l’orage avec beaucoup de monde avec des bâtons autour de toi, moins drôle. Par expérience, les orages en montagne peuvent être vraiment mauvais.
Un instant j’ai cru que ça allait passer rapidement car j’aperçois très en hauteur ce que je pensais être une étoile.
1 minutes après, je relève la tête, bordel c’est une frontale en fait. Mais attends on monte là ! Mais par où on va monter pour aller si haut en si peu de temps ??
Et là, je ré entends Yo Bou dire qu’il voyait les frontales toujours plus haut dans la montagne en direction de la Glère. Ah OK c’est donc ça la Glère !
Je me dis qu’il faut que je revienne de jour pour voir ce promontoire sur lequel ce refuge est posé.
En effet, en approche du refuge, j’aperçois les frontales bien en bas.. Bon courage..
J’ai un peu d’avance sur Dominique et un groupe que nous avions rejoint, je passe un panneau La Glère 45 minutes. Bah bordel je le vois le refuge quand même, y’a pas autant. Alors, je vais pas mettre ce temps là, mais je comprends mieux pourquoi ce temps là pour les randonneurs : un chemin où il est très difficile de poser les pieds au bon endroit, tu es quasi obligé de les mettre entre chaque caillou plutôt que dessus.
Surtout qu’avec la pluie, c’est bien glissant.
Allez, en avant flo! J’adore ces terrains de jeu, je passe à côté de beaucoup de personnes à la queue leu leu, je garde les bâtons au cas où.
Et bien m’en a pris car mon petit jeu de saute cailloux glissants va me valoir ma plus belle gamelle de ce 120.
Pas de casse, même pas le bâton qui m’a permis de me retenir un peu, juste un bon frottement sur ma cheville presque à nu avec les minimus 🙄😁.
J’arrive rapidement au refuge et la première chose que je demande au gardien du refuge, c’est « mais les touristes qui viennent dormir dans votre refuge, ils ne viennent pas par le chemin que nous venons d’emprunter ??! ». Auquel il me répond qu’en effet, la majorité arrive par le chemin de 4×4 en provenance de Barèges. Tu m’étonnes ! Quelle technicité ce chemin 😍 !
Ce refuge posé dans un dédale de roches n’offre que peu de places pour une course telle que le 120 avec son nombre important de participants. Je m’aventure dans le petit couloir d’entrée où nous sommes tous à la recherche d’un endroit pour se réchauffer, sauf qu’il n’y a qu’un couloir, quelques chaises toutes prises par des trailers cherchant le sommeil et la chaleur. J’arrive à accéder au bout du couloir pour pouvoir prendre la soupe bien chaude 😍. Je trouve un petit coin pour m’asseoir.
Tout autour de moi, de nombreux trailers/traileuses qui discutent des conditions compliquées que nous venons d’affronter (il continue de pleuvoir dehors), et la partie technique dans laquelle nous allons nous engager pendant 11 kms sans voir de ravito n’incitent pas à l’optimisme chez eux.
Beaucoup évoque de redescendre par le chemin classique de Tournaboup dans ces conditions glissantes et froides.
Pour ma part, comme je le disais au départ, je suis venu pour découvrir cette partie là entre autre, donc pas question de descendre par ce chemin que je ne connais pas. Je le découvrirai une autre fois, en famille !
Je ressors du refuge, je croise mon compagnon Dominique qui arrive juste au refuge, un peu entamé par cette longue montée. Il se ravitaille rapidement, moi je me mets sous la mini tente des bénévoles à l’extérieur pour mettre mon pantalon de pluie que je n’avais pas pris le temps de mettre avant. C’est plus histoire de se couvrir car je tremble un peu, il pleut toujours mais on aperçoit doucement le lever du jour.
Je kiffe ce moment où le jour se lève en montagne
Par expérience en montagne, c’est souvent le moment où il va faire le plus froid (là aussi, les longues sorties trail en hiver à cauterets où je pars parfois très tôt à la frontale m’aident beaucoup). Je kiffe ce moment où le jour se lève en montagne, les couleurs sont souvent incroyables.
Bon, là, ce qui est incroyable, c’est le terrain vers lequel nous nous dirigeons ! J’aperçois au loin les frontales des concurrents de devant, et je me demande par où on va passer dans ce versant hyper minéral !
Je repars avec Dominique encore après un stop de 20 bonnes minutes.
A peine 10 petites minutes de descente avant de rattaquer cette belle montée vers la hourquette Mounicot.
Il pleut toujours, mais surtout je m’aperçois que l’ambiance autour de nous devient très grisonante avec l’augmentation de la luminosité. Et bam, un premier coup de tonnerre bien costaud ! Nous sommes en plein dans cette petite cellule orageuse, tu sais, celle qui peuvent être costaud en montagne et très isolée..
Bam, 2e coup d’orage.. Euh, là, je me retourne vers Dominique, que fait on? Personne devant ni derrière en visuel (faut dire que notre vision est limitée par de gros blocs de roche..). On se dit qu’on nous a rien dit au refuge concernant un possible stop de la course lié à ces conditions (on apprendra plus tard qu’il y a bien eu un arrêt temporaire de course au refuge de la Glère mais nous avons dû repartir juste avant).
On continue d’avancer, moins serein quand même. J’entends un petit groupe de 3 personnes devant nous, on les reprends. Chacun est sous sa veste pluie, et ça poursuit.
Heureusement, cette forte activité orageuse ne va pas durer, et surtout, à scruter l’horizon, nous apercevons plus de luminosité au loin. Cool, l’orage va stopper, laissant place comme souvent en montagne à du vent. Mais au moins, on ne prendra pas la foudre aujourd’hui… 😁.
Cette montée est bien technique aussi où il faut parfois s’aider des mains pour grimper de bons blocs. Les bâtons m’aident toujours autant, je garde un rythme régulier en montée que Dominique apprécie beaucoup, autour de 500 à 600 de D+/heure, sans quasiment jamais s’arrêter. J’arrive à m’alimenter en même temps, toujours avec mes graines et un peu de pompote lors des phases de fin de montée (très peu de sucre au final).
Les sensations sont bonnes, je maintiens ce rythme, on arrive près des 90 kms de course et je commence à penser à ce qu’il reste à faire.
Je n’ai pas mal aux jambes lorsqu’il faut grimper une marche un peu plus haute. Je me dis que le corps encaisse bien l’effort. Petit instant d’émotion où je me dis aussi parfois que je ne suis pas tout seul dans ce corps.. Bordel Guigui, tu pousses avec moi ou bien ?
Mes pensées partent dans ce délire, faisant couler quelques larmes sur mes joues. C’est si bon d’être là encore, de voir que le corps est capable d’endurer de tels efforts sur la durée sans douleurs (je ne suis pas un grand assidu des prépas mais je pioche dedans selon mes envies et le temps à y accorder.. Encore merci coach pour tous ces bons conseils…)
La vie est ainsi faite de belles rencontres
Tiens, un autre Guillaume qui fait partie de ma vie maintenant depuis quelques années au rapv, après ces années partagées au foot au poiré. La vie est ainsi faite de belles rencontres qui te font changer ton quotidien. Ce Guillaume avec qui j’apprécie partager la montagne lors de ces off et suivre en descente notamment lors des quelques boîtes qu’on se met (bah oui en montée, je ne le suis pas par contre 😁). J’ai eu parfois des grands instants d’émotion à le suivre parce que je ne peux m’empêcher de penser à mon frère dans ces moments là (même âge, même prénom, même plaisir de courir et partager la montagne). J’ai presque l’impression de le suivre, les yeux remplis d’émotion très souvent. On kifferait tellement ce moment tous les 2 si tu étais encore là. J’ai l’impression de le vivre au travers d’un autre Guillaume, un frère de cœur que je serais tenté d’appeler.
Toutes ces pensées en montagne me font passer parfois des kilomètres sans m’en rendre compte (le pouvoir du cerveau ! On est à la limite de l’auto hypnose ! 😁😉).
Joli moment d’émotion encore 😍
Le vent fort qui s’est levé me sors de mes pensées, pas de doute, nous sommes en approche de la hourquette!
Pas de fiole de sortie, ça souffle fort, on ne traîne pas à la crête, juste le temps de discuter avec ce courageux bénévole qui tient d’une main sa toile d’abri pour ne pas qu’elle s’envole, et nous met en garde du début de la descente, technique et engagée.
La vue est magnifique sur ce que je pense être le col de Tracens, notre prochain objectif de montée après environ 300 de D-.
Il s’avère finalement qu’il est bien plus loin que prévu, et non visible aux dires du bénévole. (c’était finalement la hourquette d’Aubert)
Je prends un peu d’avance sur Dominique, et je prends toujours plaisir à m’amuser avec les cailloux, les gros blocs de roches… Faut dire qu’ici, par endroit, tu as un serre file 30 m plus loin, mais pour y accéder, tu choisis ton chemin 😁, par ce qui te semble être le plus pratique ! En effet, faut pas se rater lors du saut de roches, les trous entre certains rochers ne pardonneraient pas..
Dominique n’en revient pas de certaines parties, dangereuses pour lui. Il s’amuse à filmer ça pour montrer à ses amis ce qu’il fait, une première pour lui.
J’avoue être assez à l’aise dans ces parties là aussi. En reprenant des concurrents, j’entends certains dire que ce n’est pas normal de faire passer la course dans ces parties dangereuses.
Je ne participe pas aux débats, sinon ça m’agacerais je crois. C’est un trail de montagne ! Oui il y en a qui sont moins techniques, mais il faut être conscient de l’univers dans lequel on souhaite évoluer. Car c’est ce qu’on vient chercher en finalité non ?
Je ne viens pas chercher une médaille, une veste finisher
Du moins, moi j’ai ma réponse. Je ne viens pas chercher une médaille, une veste finisher, ou une fierté quelconque de faire cela.. Je viens chercher la découverte d’un lieu, le partage d’un moment en montagne avec d’autres personnes, le ressenti et l’adaptation de cette extraordinaire machine qu’est notre corps à ce genre d’effort, les émotions que tout cela procure etc etc..
Tout cela te fait sentir Vivants à ce moment là, en pleine conscience de l’être (ndrl, petit film des potos d’accumpagnyat de cauterets, Vivants 😍😉).
Passé cet intermède philosophique 😂, la remontée vers le col de tracens en passant au bord de très beaux lacs se fait bien. Le temps est lumineux et nous sentons qu’on va avoir droit à quelques rayons de soleil ce matin. Tant mieux car le vent est toujours bien présent. J’ai gardé mon pantalon et veste de pluie car les approches de col restent fraîches avec le ressenti du vent. Même le buff et les gants (très humides !), je les garde sur moi, ça fait toujours une protection !
En haut du col, je devine la vallée d’Aygues cluses et son refuge, point de chute de notre prochain ravito. Nous passons au bord du lac de Madamète, on commence à retrouver un sentier moins minéral, moins pentu ce qui permet d’allonger la foulée sans avoir à enjamber ou jouer avec les cailloux.
Voici que nous reprenons encore d’autres concurrents. Parmi eux, des potos de la cap Nat en proie avec des douleurs au genou pour l’un d’eux.
Et aussi, une silhouette que je repère au loin ! Mon papi Basque, encore et toujours !! La machine!!
Sauf que là, papi a fait une mauvaise chute qui aurait pu être bien bien pire dans toutes ces roches.
L’arcade semble touchée, le buff bien imbibé de sang cachant la plaie.
Il est accompagné d’un bénévole du refuge qui est venu à sa rencontre après avoir été prévenu en amont par un autre concurrent. Il titube, mais ne souhaite pas d’aide ! (je le reverrais seulement le lendemain à St Lary, il finira son aventure malgré tout, chapeau bas Mr !).
En compagnie de Dominique toujours, nous nous ravitaillons à ce joli refuge récemment refait, au soleil. J’en profite pour enlever pantalon et veste. Les températures remontent, ça fait du bien. On se retrouve maintenant sur le même circuit que le 160 et le 80. On va voir un peu plus de monde que cette partie Glère-aygues cluses qui, il faut le reconnaître, est très technique. Mais qu’elle est belle, sauvage et minérale 😍.
Allez, go, à l’attaque de la dernière grosse montée en direction de la hourquette Nère. L’approche est plutôt sympa et cool en contournant le joli lac d’aygues cluses. Je sais que la dernière partie de D+ est plus costaud. Dominique est toujours calé sur mon rythme même si lui pourrait aller plus vite en montée, mais ça lui permet de se gérer pour pas se cramer comme il dit. Il me remercie de maintenir ce rythme de montée. Mais non en fait, pas de merci, c’est comme ça que j’avance, en gestion sans se mettre dans le rouge. Lui me dit que vu le rythme en montée et celui que je peux maintenir en descente, je devrais être bien plus loin devant. Peut être Dominique, merci du compliment, mais je suis venu chercher une découverte et de l’expérience sur ce genre de distance, afin de franchir un cap. Donc autant bien vivre ce cap en restant dans ma zone de confort pour capitaliser sur ça pour plus tard. (oui je sais coach, comme tu aimes à me le dire, sors de ta zone de confort bordel 😁).
Bon, dès que les pourcentages de pente sont très élevés, je m’adapte moins bien ! Juste avant le col, on se fait reprendre par la 1ere féminine du 160, bravo madame ! Je ne lui propose pas la fiole car je sens qu’elle est plus pressée que moi..
Par contre, la haut, c’est stop fiole c’est sûr. Je n’ai pas eu l’occasion de la sortir depuis la hourquette d’Alan bordel !
Dominique engage la descente rapidement pour prendre de l’avance. Je profite de la top vue sur les lacs du néouvielle, sous le soleil ! Top conditions.
La chance est qu’au sommet, 2 trailers (sans dossard) viennent à la rencontre de leurs amis qui font le 80.
Le pineau : recette à papy
Eux se sont bien mis dans le rouge en montant, mais ça ne va pas leur empêcher de goûter à la fiole, le pineau recette à papy ! Fait maison avec mon papa 😍.
Piouff, quel moment! Faut arrêter le temps dans ces moments là ! Bon, pas possible! Alors il faut le vivre en pleine conscience, ancrer l’instant dans son corps et ses pensées. Se servir ensuite de ces moments dans des périodes plus compliquées.
C’est ce que j’appelle l’expérience d’avoir vécu des moments difficiles dans la vie, savoir se rendre compte à l’instant T de la chance qu’on a de vivre ça !
Je vais même pouvoir l’immortaliser par une photo grâce à mes 2 compagnons de fiole 😁,merciii!
J’attaque la descente et je reprends rapidement Dominique. Il me demande de poursuivre ma route car il ne veut pas que je sois sur les freins toute la descente. Il insiste, je ne veux pas le laisser car il aurait très bien pu faire la même chose avec moi quand on montait.
Je le remercie de sa bienveillance envers moi. J’accepte sa proposition et poursuit ma route tout en continuant à m’amuser en descente. Bon, pas trop quand même car je sais que celle ci, elle est longue dans la sapinière avant d’arriver au lac de l’oule et de remonter rapidement sur les merlans.
Pas le moment de se mettre minable en descente, et faire monter le cardio trop haut.
Même si ma montre n’a plus de batterie depuis bien longtemps (merde, ma section strava ne sera pas complète 😂😜), elle indique au moins l’heure !
Je n’ai pas dormi depuis le début de l’aventure, et je n’en ressens pas le besoin. J’arrive à près de 30h de course, le corps s’adapte tellement bien pour le moment. (j’avais fait attention sur les 2 semaines précédentes à bien dormir et faire de bonnes nuits !)
Reste que malgré cela, je vais vivre une expérience jamais vécue et ressentie.
En commençant à rentrer dans la sapinière, j’aperçois une personne qui m’encourage. Tiens, elle est bien motivée à venir encourager quelqu’un jusqu’ici !
En approchant, il s’avère que c’est simplement une souche d’arbre…
Sauf que cela va se répéter plusieurs fois en quelques minutes.. Je me retourne parfois, je suis seul, mais toujours l’impression qu’il y a des encouragements ou comme du bruit pas loin.
Et non, seulement toujours des arbres ou des branches qui m’encouragent. Je comprends que je suis en train d’avoir quelques hallucinations..
1ere expérience de ce genre qui me fait sourire et me fait dire dans ma tête : « arrête de me faire des blagues Guillaume, je sais que tu n’es pas loin.. »
L’émotion est aussi palpable dans ces moments là, je sens que je vais y arriver (à vrai dire je n’ai jamais douté) , et ça suffit à me remplir de bonheur déjà.
Même si j’avais déjà lu sur certains récits (merci Pierre Jourdain qui a eu la capacité de s’élever plus haut que son corps.. 😉, ou David Luttiau qui a eu la chance de rencontrer les 7 nains 😁) que l’on pouvait être confronté à ce genre d’expérience sur du long, j’avoue que c’était assez troublant au début, avec quelques frissons qui parcourent mon corps. Suis je en train de perdre pied ? De devenir fou ? Ne vais-je pas trop loin dans l’effort ?
Il fallait bien un instant de doute sur cette aventure. Maintenant que j’y pense, c’était peut être une hallucination d’avoir vu Maxime Cazajous le 1er du 80 me doubler au niveau de la passerelle à sauter dans la sapinière 😁 !
Non non c’était bien réel, et ça volait sur les cailloux..🤩
Je sors de la forêt et remonte en direction des merlans. Je ressors quand même les bâtons pour cette « petite montée » le long du lac de l’oule, vide car ils sont en travaux sur le barrage.
Je traverse les pentes prises l’hiver dernier avec des potes (quelle session poudreuse les copains 😍). Un concurrent n’en revient pas qu’on peut skier/surfer ici dans ces pentes l’hiver.. (chuuut, spot secret 😁). On peut même croiser des isards au bout de la spatule parfois… Point d’isards cette fois ci, il est 12h30 et ils sont bien cachés à cette heure ci pour la sieste.
Même si j’aurais aimé voir des isards dans mes hallucinations, elles sont maintenant derrière moi.
J’arrive aux merlans, la météo reste correct même si le vent est toujours bien présent, notamment sur la terrasse du refuge (logique dans cette vallée assez ventée en général).
Je rentre à l’intérieur et me pose 5 minutes sur une chaise pour m’alimenter en saucisson et soupe. J’ai l’embarras du choix pour la place, les bénévoles toujours au top sont aux petits soins de chaque participant, nous sommes une dizaine peut être !
Quel calme aux merlans ! Je ne l’avais jamais vu comme cela. Les bénévoles nous racontent les péripéties du matin pour les coureurs du 80, pris dans l’orage.
Il n’y avait pas assez de place pour tout le monde à l’intérieur. Ils sont bien contents de retrouver du calme après la tempête, dans tous les sens du terme ! Avant que le rush du retour sur ce circuit ne reprenne !
A la sortie des merlans, je croise à nouveau Dominique. Il me redemande de continuer sur mon rythme, surtout qu’il reste quasiment que de la descente.
En avant pour les 200 derniers D+ de ce fantastique GRP 120.
Sur cette section, je me fais doubler par les premiers du 80, c’est pas le même rythme de montée !
J’arrive au portet après avoir vu mes seules marmottes depuis le départ, au beau milieu des pistes de ski de St Lary.
J’entame la descente par un coup de fil à Aurélie pour lui dire environ mon heure d’arrivée, elle qui me suit sur l’application et aussi sur la webcam d’arrivée, elle qui sera restée en veille toute la nuit dernière si j’avais besoin, merci encore lilie 😍!
Je me fixe l’objectif de toujours courir sur cette longue descente de 13 kms, étant donné que je me sens très bien.
Bon, c’est bien sûr roulant cette descente, ça me fait penser d’ailleurs un peu à la descente de grand col ferret quand on bascule côté suissesse le tmb, chemin large et peu technique. Attention tout de même, c’est un sentier fréquenté par les troupeaux d’estives ce qui créent des sillons assez profonds. Restons vigilants jusqu’au bout !
Je kiffe tellement ces minimus
Après un arrêt obligé sur la crête pour un besoin urgent 😁 (ce sera le seul depuis le départ 32h avant !), je remets en route et fais l’effort de toujours courir même sur les parties plus plates voire faux plat montant. Je m’éclate !
Dans cette dernière portion, j’apprécie le moment, réussir ce défi était un objectif, et le faire dans ces conditions sans réel coup de mou physiquement est vraiment appréciable, et le tout en minimaliste aussi. Je kiffe tellement ces minimus 😍.
Je prends le temps de prévenir coachette que je serai bien à l’heure au restaurant avec les copains, et de répondre aussi à plusieurs messages reçus !
Je rentre dans le joli petit village de soulan pleine balle, puis j’entame les derniers lacets avant de rentrer dans le village de Vignec.
Un orage bien carabiné et des trombes d’eau s’abattent dans la vallée (tiens, serait ce Guillaume qui fête mon arrivée à sa manière ?? 😁)
Beaucoup d’émotions m’envahissent en pensant à tout ceux qui me sont chers, mes filles et mes parents grâce à leurs encouragements de la veille, aurélie qui me laisse régulièrement partir en montagne pour vivre ma passion, les potos du rapv grâce à leurs conseils…
Une dernière partie avec cailloux en tout genre recouverts d’eau qui dévale suite à l’orage, et je sors de la forêt pour retrouver le village de vigniec où Mathieu Bernard du rapv m’accueille.
J’ai la banane tellement j’ai kiffé ce grp. Et je me redis comme à l’arrivée du 80 que si il fallait repartir en montagne, ça se ferait bien 😁.
Les derniers mètres sont toujours appréciables le long de la Neste, et c’est la première fois que je les fais de jour.
Top ambiance !
Plusieurs potos du rapv sont à la bière (précision sans doute inutile 😁) pour m’accueillir, trop bien merciii les copains.
Je checke tout le monde et les remercie, sans doute trop rapidement en voyant la ligne d’arrivée juste après (mais j’ai checké au moins Vaness 😉😁)
Une fois la ligne franchie, les premiers à venir me retrouver sont Sandrine et Guillaume. Coach et coachette sans qui tout ça ne se serait pas passé aussi bien probablement. Instants d’émotion pour ma part, après toutes mes pensées et ces kms en montagne.
Les autres potos du clubs viennent pour partager la fiole d’arrivée bien sûr 😍
Quel moment de bonheur ! Et en plus quand tu partages ça avec les amis, piouff tu peux rien demander de plus.
Aurélie m’a suivi à distance sur la caméra d’arrivée, ainsi que mes filles et mes parents sur l’application lives trail.
Un grand merci à toutes les personnes qui m’entourent dans mon quotidien, et qui me permettent de vivre ces moments intenses, ceux-ci qui te font simplement sentir VIVANTS 😍😉
J’ai pris le temps d’écrire ce récit, je le termine quasiment 5 mois après la course ! Je me relisais de temps en temps, avançant au gré du temps à y accorder et de mon humeur. Je crois que finalement je l’ai écrit, entre autres, pour le plaisir de retrouver toutes ces sensations positives que j’ai connu durant ce parcours en montagne. En effet il m’a permis de me replonger dans chaque petit moment de ce GRP, encore plus en détail je dirais.
Et aussi j’ai eu envie de le partager. Partager le pourquoi j’aime autant aller en montagne. Peu importe la technicité du terrain , le temps et la température qu’il y fait, j’y suis tellement bien.
On me dit souvent :mais pourquoi tu n’y habites pas ? Bonne question ! Mais est ce que je le vivrais aussi intensément si j’étais sur place à l’année?
C’est tout un équilibre à trouver avec la vie de famille. Et tout est bien comme cela pour le moment.
Humblement, une dernière raison de l’avoir écrit aussi, c’est que si il peut servir à des personnes qui le lisent d’aller au bout de leur aventure en montagne, que ce soit une course, une randonnée, un trek, alors j’en tirerai un tout petit peu de fierté.
Car comme j’aime à le dire: la montagne, ça se partage 😍 !