GRP 80 par Nico Perras
Nico Perras c’est un acharné. Un acharné de la bonne ambiance et de la convivialité. Expert dans l’endurance pour avoir la classe de fermer les courses (enfin les évènements courses, c’est à dire le bar), il est aussi un coureur de long qui réussi magnifiquement malgré un dos bien usé par le travail. Prenez une bière et lisez son récit.
Apprendre des erreurs
Vielle-Aure vers le Portet
Samedi matin il est 5h lorsque nous prenons le départ à Vielle-Aure. Seulement quelques minutes avant, les sommations des organisateurs sont claires : » Vous allez être mouillé et avoir froid. » Bon, dans tous les cas on était déjà plus ou moins au courant. Ca fait déjà 15 jours qu’on surveille la météo… On prend donc le départ sous une bonne pluie, direction le col du Portet. Cette fois ci je ne veux pas reproduire mon erreur de l’Ultrariege, je pars donc prudemment. Je vois les copains prendre de l’avance petit à petit mais je ne me fais pas aspirer. A quoi bon ? Je sais qu’il seront loin devant moi d’ici 80km… La montée se fait tranquillement. Petit à petit le jour se lève mais le brouillard est présent et nous gâche un peu la vue…
Subir la météo
Le Portet vers la Mongie
Arrivés en haut du Portet nous basculons pour descendre au Merlans. Là, c’est l’hécatombe ! Le vent se mêle à la pluie. Celle ci se met à nous fouetter le visage nous obligeant à baisser la tête et nous empêchant de courir comme on le voudrait… Arrivé au Merlans on entends déjà des : » Si c’est ça toute la journée j’arrête là » , » Je suis déjà tout trempé, je bâche « . Un tri est déjà en train de ce faire. Ca calme un peu… Au Merlans je retrouve Jérôme. Je suis content de voir un bleu et noir ! Je me dis qu’à la vue des conditions météo on ne sera pas trop de deux pour se serrer les coudes et ce choix est judicieux ! Je propose à Jérôme de ne pas trop traîner au ravito. On a déjà froid, on tremble avec nos soupes dans les mains. On repart donc tranquillement direction le col de Bastanet. La montée se passe bien. On est toujours sous la pluie mais un peu plus abrité du vent, c’est déjà ça ! Arrivé en haut, on bascule et on retrouve les grosses rafales de vent. Celles-ci sont traîtresses car nous font dévier de nos trajectoires et sur les rochers ce n’est pas ce qu’il y a de mieux… Passé tout ça, on attaque le fameux Serpolet, Juju Brianceau m’avait mis en garde sur cette » patate » effectivement, elle pique un peu ! Dans la montée on commence à entendre » La Gela a été stoppée »
» On montera pas au pic du Midi il y a trop de vent »
» On va être stopper à la Mongie »
» Ils ont avancé la barrière horaire à 12h30 à la Mongie « , bref, on ne sait plus qui écouter, mais dans le doute on mets un coup de gaz pour assurer le coup. J’arrive à la Mongie à 12h10 et Jérôme me suis de près. On passe vite le ravito pour s’assurer de ne pas se prendre les autres barrières horaires qui ont été elles aussi avancées.
L’euphorie de la course
Dans la précipitation, je pars en ayant mangé et changé quelques vêtements totalement trempés, mais je fais une grosse erreur ! Je ne refais pas le plein de mes flasques ! Je me rendrais compte de mon erreur un kilomètre plus loin, trop tard pour faire demi tour. Il m’en reste toujours une dans le sac !
Chaud et froid dans le Sencours
On commence donc à monter, toujours avec Jérôme, en direction du col du Sencours. La pluie s’est enfin arrêté mais il y a toujours ce fichu brouillard. On ne sait plus trop comment s’habiller, un coup on a chaud, un coup on a froid… On arrive au Sencours sous les rafales de vent. Même les bénévoles commencent à s’inquiéter de savoir comment ils vont pouvoir redescendre avec ce vent… Avec Jérôme on est bien au niveau des barrières donc on prend donc notre temps pour bien se ravitailler, bien manger et se poser un petit peu…
Retrouver Guigui Francheteau c’est s’assurer l’arrivée
Tournaboup vers Aygues Cluses
S’en suit la descente en direction de Tournaboup. Il ne pleut plus et on est abrité du vent. Quel bonheur ! On a même le droit à quelques rayons de soleil ! La descente se fait nickel pour moi. Jérôme commence à avoir un peu mal aux jambes. Avec le passage de tous les coureurs et la pluie des dernières heures le terrain commence à être critique… Arrivé à Tournaboup la pluie refait son apparition et pas pour rire… Mais coup de bol pour nous c’était une averse. On ressort du ravito sans pluie ! Ce ravito est une énorme surprise pour Jérôme et moi. Des copains de Jérôme et de notre Guigui Francheteau national nous informent que Guigui est juste derrière nous ! Quel bonheur de savoir ça ! On était prêt à repartir, mais là clairement la question d’attendre que Guigui se ravitaille pour qu’on reparte tous les 3 ensemble ne se pose même pas !! On repart donc à 3, cette fois, bien décidé à aller au bout de cette aventure ! Sur la montée qui nous emmene à Aygues-Cluses, Guigui nous raconte comment il a frôlé les barrières horaires. Cet homme est un Phoenix ! Il va en avoir des choses à raconter à l’entraînement notre Guigui, en tout cas nous, ça nous fait bien rire !
Nous voilà à Aygues-Cluses. Les barrières horaires ne nous font plus peur, on est revenu largement dans les temps. On repart soulagé pour entamer la montée de la Hourquette Nere. S’en suit la descente dans ce cadre magnifique, cette portion qu’on a eu depuis Tournaboup jusqu’à maintenant est magnifique, ces paysage sont beaux, même dans le brouillard ! Arrivé un peu avant la cabane de Port Bielh, la nuit tombe rapidement. On remet donc les frontales, la pluie refait son apparition. Elle ne nous avait pas manqué celle-là ! Quelques dizaines de minutes avant on a même eu le droit à un peu de grêle. Sympa pour un mois d’août ! L’orage ne tarde pas à revenir lui non plus. On sent que cette fin de course va être rock’n’roll !
Echappée de Perras dans la sapinière !
J’arrive au Merlans avec une légère avance sur mes deux collègues. Le retour de la pluie m’a fait mettre le cerveau sur off avec comme obsession d’arriver le plus vite possible au Merlans pour être au sec ! Je me surprend à avoir encore pas mal de jus et à courir comme si de rien n’était. Je prends un plaisir monstre dans ce petit sous bois, de nuit. Je fais abstraction de la pluie et j’avance ! Peu avant d’arriver au Merlans je commence à ressentir le froid, je discute avec quelques mecs qui me disent qu’eux aussi sont gelés, ça me rassure il n’y a pas que moi ! Une fois au Merlans, c’est le bal des couvertures de survies. Les lits de camps sont pris d’assaut également, un paquets de gens ne sont pas au top de leur forme. Avec les gars on se dit qu’on est quand même pas trop mal et qu’il nous reste plus qu’une descente. On sait qu’elle va nous faire mal mais on se dit surtout qu’après ça, on aura fini ! Au passage, j’ai une magnifique photo du président de Chantonnay raid emballé dans une couverture de survie, celle ci l’accompagnera pour finir ce tour des lacs !
Finir ce qui est terminé
Les merlans vers l’arrivée
Une fois ravitaillé et habillé des affaires » Les moins humides » qu’on avait, on repart du Merlans. Les jambes commencent à être lourdes et douloureuses… C’est parti pour la dernière ligne » presque droite » Au moment d’entamer la descente, tout ce mélange, la pluie, le brouillard et l’orage, on a le droit un à spectacle son et lumière digne de Jacques Couturier ! Les éclairs sont proches, c’est assez impressionnant. On se sent tellement impuissant en plein milieu de ce plateau au milieu de tout ça ! C’est là qu’on est content d’être avec les copains ! Le terrain est chaotique, ça glisse dans tout les sens ! On ne peut pas faire autrement que de marcher, et encore c’est un bien grand mot ! Cette descente est réputée pour casser le peu de jambes qu’il reste en général, mais alors là avec ces conditions c’est encore pire ! Le temps est long, on ne se voit pas avancer. On a qu’une envie c’est de franchir cette fichue ligne. Il n’est même plus question de boire une bière à l’arrivée, là ça parle plutôt d’une douche chaude et de vêtements secs. Avec les abats d’eau qu’on se prend depuis plusieurs heures, on a l’impression de courir à poil, nos vêtements ne sont plus étanches du tout on est totalement soumis à Dame Nature ! Bref, il faut avancer coûte que coûte, même si certains éclairs nous font carrément stopper une demi seconde tellement on est surpris par leurs proximité et leur puissance… Tout d’un coup on voit un poncho blanc dévaler la pente en criant, la dame blanche ?? Non non, tout simplement une traileuse du 160 qui a la phobie des orages. Et quand on vous dit phobie c’est vraiment phobie ! On lui dit de rester avec nous. On essaie de la rassurer comme on peut mais elle n’est vraiment pas au top. Elle a finalement réussi à prendre sur elle et se calmer un petit peu… Ça ne l’empêcher pas d’émettre des petits cris à chaque éclairs, soit environ toutes les 10 secondes… Nous voilà arrivé à Soulans, même si jusque là mes jambes allait plutôt pas mal, désormais j’ai les jambes en vracs, des douleurs de partout, je n’arrive même plus à trottiner. On se dirige donc tout doucement vers la ligne d’arrivée avec comme petite surprise à Vignec un petit Comité d’accueil qui aurait fait des envieux !! Oui oui, on a été applaudi et encouragé par deux nanas qui ont fini premières du Relais 160 !!! Merci Coachette et Émilie ! Heureusement pour nous, le restaurant était fermé, ce qui a obligé notre Guigui à finir la course avec nous ! Les panneaux arrivée 1000m, 800m, 600m ne défilent pas vite du tout. On remet même en question la longueur de la piste de la Montparière. On se dit qu’on se remettra à trottiner à 400m de l’arrivée. Ces 400m ce transformerons en 200m puis en 100m. Après tout il est 2h du matin, il n’y a pas grand monde pour nous voir… Et là, enfin, enfin on la passe cette fameuse arche qu’on avait passé plus de 21h auparavant ! On passe cette ligne tout les trois ensemble, avec ce mélange de plaisir, de joie, de fierté et de soulagement ! Quelle aventure avec les copains !
Ps : Vous vous rappelez de la dame blanche ? Bah, elle nous a accompagné jusqu’à la ligne d’arrivée ! On a quand même eu la galanterie de la laisser passer la ligne devant nous !