Raid des Gaillards : qui a peur de l’autre ?
Le premier raid des Gaillards à Mauléon est l’occasion de s’amuser. Il y a un mois Vanessa Duvacher me demande si je suis partant. Après négociations familiales, c’est jouable alors go ! Problème, elle veut faire le 80km. Bon je sors du Périgord et du Raid Yon, ça devrait le faire… Raté. La quantité d’entrainements chute à son niveau le plus bas. Classique !
Malgré cela l’envie d’y être prend le pas sur le reste. La semaine précédente j’attends avec fébrilité le raid-book. Nous sommes d’accord pour nous dire avec Vané que nous ne prendrons pas tout. Il va falloir faire des choix et établir une stratégie. C’est un peu nouveau pour moi. D’habitude la question ne se pose pas sur des distances de 40.km. Notre choix se porte sur les CO à pieds. Elles sont courtes et bien valorisées. Il est donc important de toutes les fermer. Les liaisons sont évidemment non shuntables. Puis selon les niveaux de difficulté estimés par l’organisation, nous espérons, sur les 2 CO VTT et Bike and Run, essayer de limiter la casse. Objectif d’environ 70 balises à attraper (comme les Pokemons).
Sur le trajet notre stress va finalement trouvé sa source. Vanessa a peur d’un trop gros rythme de ma part dès le début (jeune chien fou va !) et moi j’ai peur de ne pas tenir la marée avec une athlète de ce niveau, notamment en vélo. J’ai peur d’être en surrégime et de faire des boulettes d’orientation. Vané a peur de la première section d’orientation en relai, elle qui oriente peu. Heureusement son mari l’a rassuré un peu sur au moins un point : » Ne t’inquiète pas. Pierre fait toujours des gros départs mais après il fatigue. » (peu ou prou ses paroles et je ne peux absolument pas lui donner tort)
Le départ est lancé. Un tour du château, Vané récupère la 1ère carte derrière Soizic et Sandrine. Les femmes sont à l’honneur au RAPV. Vané gère parfaitement bien et revient vite. Je pars chercher les 5 balises dans Mauléon. Une en haut du Mont Gaillard, histoire de faire les premières lézardes dans les quadriceps. On enchaine sans pause sur la liaison jusqu’au vélo et nous manquons de peu de rater la seule balise sur le chemin. Oh les boulets ! Dans un tunnel en plus ! L’expression rater un éléphant dans un couloir prend tout son sens. Première liaison vélo. Après le relais CO nous avons vite constaté que nous ne jouions pas les premiers rôles. Ce bon Road-Book agrémenté de 2 balises nous permet de vérifier un truc. Nous ne sommes pas mauvais en vélo. L’équipe derrière nous prend un éclat tout comme les 3 devant nous.
Nous pointons au 2ème PC au bout d’une heure dix de course. Nous avons pris du retard sur la première CO mais nous savions que l’horaire conseillé ne convenait pas à nos qualités. Après quelques morceaux de saucissons ultra rapides histoire de saler un peu notre sueur (oui car il fait très chaud et on dégomme déjà des litres d’eau), nous partons sur notre première CO en forêt. Ça parait pas comme ça. 5km annoncé et 15 balises. Et ben 1h… Je n’oriente pas en confiance. Quand j’ai osé les azimuts pour tracer dans la forêt au Raid’Yon, ici j’ai besoin de me rassurer. Je tire bien au droit une fois puis deux, mais la peur de me tromper d’envoyer Vané à l’abattoir me freine. En plus c’est assez dense, même pour un Buffle. Il n’y a bien que ce sanglier de Sébos pour passer la dedans. Nous perdons du temps sur la 139 et 140. En plein milieu du vert, je rate mon point d’attaque. Je tergiverse… « On les prend plus tard… » Finalement je prend un deuxième point d’attaque, moins précis que le premier. Je jardine longtemps avant de réussir mon coup. Vané est d’une patience sans limite car après avoir choppé les deux balises en question je m’égare momentanément en sortie de poste. Nous revenons sur notre poste pour repartir du bon pied. J’emmène Vané chercher la balises la plus au nord ouest et nous revenons avec la satisfaction de tenir notre stratégie dans un mauvais timing. Satisfaction particulière donc. Mais c’était toutefois une super CO et l’infaillibilité de la pose des balises et des cartes annonce un grand raid.
Ravito léger puis nous enchainons avec la CO VTT (22km, 15 balises). Annoncée 5 étoiles (très ardue donc), section qui « grimpe dur mais en vaut la peine » selon l’orga. Nous devions faire un truc léger et reparti 15′ avant la barrière horaire fixée par l’organisation. Finalement les postes s’enchainent bien. Nous sommes donc efficaces en vélo ! En accord avec Vané nous poursuivons un peu pour choper 10 balises. On attaque par le Nord et nous allons jusqu’à la Chapelle Largeau pour finir par descendre le « Chemin de l’enfer ». C’est un excellent choix. Il valait mieux le descendre que le monter. Après 3,5km qui devaient être en descente et se faire à plus de 20km/h (dans ma tête), nous regagnons le PC 02 au bois de la Blandinière. ‘tit Ravito et hop. VTT couloir maison pour se taper le chemin des passerelles. Uuuuuffff ! Nous passons Le Temple pour rejoindre Mallièvre.
PC 03. Nous avons un grand nombre de sections à partir de ce PC. Nous chopons directement la carte de la section Micro-co et filons dessus. Trop top. Un ordre imposé et des toiles de 6cm par 6cm. On a plus vite fait de chercher le boitier. Il faut être très précis dans l’orientation. J’essaie de m’appliquer pour ne pas perdre de temps. Le bémol est que nous nous retrouvons avec plusieurs équipes. Si nous sommes performant, le bip de la balise indique tout de suite l’endroit aux autres. Mais la carte est top, le site super et le principe très amusant.
Nous revenons et prenons quelques instants au ravito avec la carte de la co urbaine. Je mange et bois en la regardant. Je ne comprends pas la carte. La fatigue me prend. Je dois me mettre un coup de pied au cul pour me concentrer. Un petit coup de boussole pour assurer le départ et zou. On jardine. Nous sommes dans la première rue parallèle, bien joué. Et puis on déroule. Pour la première fois nous faisons chacun un aller-retour histoire de bénéficier d’un temps de repos alterné. Mais sinon, sur la durée du raid nous sommes resté toujours à 50m l’un de l’autre maximum. C’est dire le niveau de Vané ou le mien… Nous fermons la CO urbaine, comme convenu pour ramasser 8 points de plus dans la musette. Les calculs commencent à s’affiner. 10 + 1 + 2 + 15 + 10 + 3 + 8 + 7 = 56 balises ramassées. Il en reste 37 réparties ainsi : 15 sur la VTT’O, 10 sur le bike and run et 12 sur le VTT Shaker. Pour tout cela c’est l’inconnu. Notre analyse du raid-book est limitée. Nous savons juste que ces trois sections (bike and run, vtt’O et VTT shaker) sont classées 4 étoiles. La dernière section m’effraie un peu avec ce fameux puzzle qui mélange IGN, roadbook et tracé allemand. Nous avons choisi de partir avec un peu de marge sur les 1h15′ prévues.
Tout en se ravitaillant, nous regardons la carte de la VTT’O. Une grosse poche en ordre imposée en forêt à l’ouest avec des forts dénivelés fait face à une petite poche urbaine à l’est. Entre les deux quelques balises disséminées avec du dénivelé. J’interroge Vané : « Tu veux faire quoi toi ? » En posant sa main sur la poche de l’ouest elle me répond : « Surtout pas cette poche. Il y a trop de dénivelé. »
Nous sommes entrain de discuter avec Quentin Debarre, gestionnaire de la section et Nicolas talon qui nous filme en direct. En discutant je m’aperçois que l’échelle de la poche est plus grande, donc des écarts plus petits. Et malgré l’ordre imposé, il y a moyen de prendre gros en terme de points en peu de temps. « Bon aller ! Vanessa on fait la poche. » Comme quoi c’est vraiment important d’écouter sa partenaire dans une équipe … Dès le départ un choix d’orientation discutable nous fait perdre quelques centaines de mètres mais gagner un peu de dénivelé. Il m’est de plus en plus difficile d’orienter correctement à 100% du temps. La fatigue physique prend le dessus sur la concentration. Heureusement la boussole me remet vite dans le droit chemin. Nous enquillons les quelques km qui nous séparent de la poche en prenant une balise au passage. Nous arrivons dans la vallée de Poupet avec un grand plaisir. J’y ai quelques repères. Ce qui ne m’empêchera pas de jardiner entre la 2ème et la 3ème de l’ordre imposé. Nous prenons toutes les balises en laissant tomber le vélo 2 fois pour faire un aller-retour en haut d’une bosse. Nous sortons de la poche par le nord en laissant un Pif-paf qui, avec le recul aurait été intéressant. Nous allons chercher une autre en « pif-paf » comme dit Sébos. Vanessa me dit : « On y va sauf si c’est un mur » Comprenez une grosse côte bien raide. Il se trouve qu’arrivés au pied du mur elle lance quand-même l’ascension. Nous récupérons encore quelques balises. Un petit détour nous évite un dénivelé positif trop important sur la dernière. Nous choisissons de laisser les dernières balises manquantes soit 12/15. Et ce malgré les conseils de Vané qui pensait finir cette VTT’O et shunter le bike and run. Oui mais… Si jamais sur le bike and run il y a 3-4 balises très proches ?
Bon ! Elle avait raison. Nous revenons en urgence sur le PC ! Récupérons la carte du bike and run in extremis avant la fermeture de la barrière horaire. Nous envisageons avec ambition de ramasser une puis deux puis 6 balises. Inconscients ! Nous entamons notre approche de la première. Le temps file. C’est trop court. Il semble dommage de la laisser. Je pars faire un pif-paf en vélo. A mi-chemin, je m’aperçois que je n’ai pas le doigt. Retour. Vané y va ! Nous rentrons au pc avec une balise, sur les talons de Guillaume et Sandrine. Il faut reparti. Nous avons 1h30 pour finir. Ce sera le seul timing prévu que nous aurons tenu finalement. Ce shaker/puzzle me fait peut. Je ne suis pas dans les bonnes dispositions pour l’entamer. Je regarde la carte de la section… « Vanessa, je propose que l’on accroche Sandrine et Guillaume. » « Bon ben faut y aller car ils sont partis », me répond-elle. Nous raccrochons notre couple phare du RAPV et demandons gentiment la permission de sucer un peu la roue. Sandrine oriente et est un poil fatiguée. Ca me permet de me reposer sur la première partie du shaker en IGN. Je raccroche l’orientation à partir du tracé allemand. Mais sur toute la section, je laisserai Sandrine orienter. Elle fait cela très bien et j’ai constaté sur d’autres raids ou reconnaissances du Vendée Raid qu’interférer dans l’orientation de quelqu’un d’autre est source d’erreurs. Nous nous relayons un peu. Vanessa et Guillaume font les « lapins », s’arrêtant pour prendre les balises pendant que Sandrine et moi nous continuons notre route, et nous rattrapant après. Vanessa est impressionnante. Un vrai métronome cycliste. Aucune fatigue ni signe de fatigue. Elle avale les bosses comme Tsonga les Kinder Bueno. Elle nous distance avant les balises et nous rattrape juste après sans aucun essoufflement. Wouah ! Pour ma part le jus manque. Je lâche les dernières forces dans la bataille; Les cuisses sont à la limite de la crampe. Les fourmis dans les pieds me font vraiment mal. J’ai parfois envie de pleurer. Heureusement que c’est la fin et que 90% du raid n’a été qu’un immense plaisir et bonheur. Une dernière erreur sur un chemin peu visible du tracé allemand. Une hésitation sur un demi-tour ou un aller-retour, et c’est le sprinte final. Arche franchie en 7h45 avec 81 balises. Finalement j’avais peur de ne pas être au niveau de Vanessa. Cela ne fut vrai que sur la fin de ce raid. Vanessa avait peur de mon départ ? Elle a géré comme une pro. Qui a peur de l’autre ? Plus personne ! Prêt à repartir sur un autre raid avec elle. Quand elle voudra.
A l’arrivée nous sommes résignés sur nos chances de monter sur la boite (nous avons vu des mixtes qui nous semblaient super forts, Sandrine et Guillaume et Michel et Soizik nous précèdent, il ne reste plus beaucoup de place) mais ce n’est vraiment pas le plus important. Le plaisir pris sur ce raid a été démesuré. Des cartes au top, Des CO super belles. Des ravitaillements bien placés et garnis. Des bénévoles agréables et un repas post-course à s’en lécher les babines. Et cerise sur le gâteau, une 3ème place mixte inespérée qui est d’autant plus savoureuse que le podium est partagé avec les deux autres équipes mixtes du RAPV, Sandrine et Guillaume 1ers, Soizik et Michel 2èmes. Et ça … ça c’est kiffant. On ressent une immense fierté d’inaugurer le palmarès de ce raid qui devrait faire des petits et surtout en asso. Le Raid est un sport d’équipe et définitivement le RAPV… mès qué un club !