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Balade entre potes dans le parc national des Cévennes et des grands causses

Balade entre potes dans le parc national des Cévennes et des grands causses

Une première édition, en mode western states, limitée à 400 coureurs (coureuses), un point de départ et un point d’arrivée… il n’en fallait pas plus pour nous lancer. Quand François parle de Millau et sa région, les yeux pétillent et on ressent l’émotion de vacances estivales familiales. 40  ans 3 semaines avant… n’en jetez plus l’inscription est validée. On ajoute la machine Pierre Jourdain et la joyeuse team est là sur la ligne de départ.

On est chaud chaud (malgré un petit ressenti à -2° avec un vent glacial), quand dans le silence les 260 coureurs s’élancent. On est au Mas de la barque, à 1400m d’altitude au cœur des Cévennes et comme c’est un parc protection de la faune y a pas de speak yo animation ni de musique de vangelis ou cold Play. Cette impression de partir faire un off entre potes.
La Belle Adèle est là aussi, l’ultra semble être un format qui la fait kiffer. Maxi race à Annecy et la HOT en fin d’année et le Tarn Vallée Trail aujourd’hui en attendant de nouvelles aventures. On papote sur le premier kilo en pensant à notre Louis Sorin national qui a semble-t-il longtemps hésité à venir courir… mais ça ne collait pas avec son programme de préparation… oups non pardon Louis et prépa????? 🙄😂😂😂

Adèle a sa copine qui va faire sa pacer pour les 50 derniers km, en effet à partir de la base de vie au 109eme km, on peut être accompagné. A la mode américaine je vous dis 😉

 Comme on est déjà à 1400m, du coup on va commencer par une descente. D’abord sur des chemins larges le long de la source du Tarn et son fameux pont du Tarn (on a vu un nombre de ponts énormes mais celui ci est dans le top 3…). Les kilomètres défilent à moins de 5’ au kilo, Marc B aurait déjà joué en passant en 3’10… mais est ce bien raisonnable.
Ça va être tout le problème de cette course et en discutant avec Bruno Poirier qui couvre la course pour ouest France et un magazine de trail, c’est les retours des premiers et des nombreux abandons: parti trop vite. C’est un peu comme enchaîner d’abord un marathon puis un ultra de 120km.
C’est dur physiquement mais aussi et surtout moralement: en fait pendant les 5/6 premières heures tu n’es pas en mode ultra, ton référentiel temps est beaucoup trop rapide et du coup quand tu arrives sur la deuxième partie plus technique et où le deniv positif commence vraiment, si t’es pas prêt mentalement c’est dur.

On rejoint donc vite fait bien fait le pont de Montvert et le premier ravito dans une jolie maison toute en pierre très sympa. Et de suite on voit la marque Templiers (porteuse niveau logistique de la course, le créateur du Tarn Vallée Trail est le même que le festival des templiers). Les ravito sont top.
On remonte vers le signal de Bougès, 1400m d’altitude, cette partie de la course est similaire avec le GR du chemin de Stevenson ça me rappelle quelques bons souvenirs de vacances en famille avec nos ânes.
L’ultra même accompagné permet de se recentrer et de laisser vagabonder son esprit. Penser à ses proches, sa petite femme, ses enfants… a condition que ce soit positif dans l’avancée de l’aventure (si tu te dis qu’est ce que je fous là je serais mieux chez moi tranquille avec mes proches… ça pue pour le maillot finisher non?). Pierre me disait hier que courir un ultra de 160 km lui semble toujours aussi dur. Mais il ne se sent jamais aussi vivant. Sortir de notre quotidien et de notre zone de confort; peut-être pour mieux y revenir à ce quotidien. (Qu’est ce qu’on ne dirait pas pour trouver des raisons d’y retourner 🥰). 

Mais revenons vite à la course car François, le Kilian jornet du Rapv en descente est parti pleine balle devant. C’est une longue descente de 13km facile et qui passe crème . On rejoint alors Bedoues, 39km, en moins de 4h30. Ça c’est fait et bien fait. Petit taboulet et  ça repart…

Direction Quezac, step by step, surtout ne pas s’imaginer l’arrivée à millau sinon on va trouver ça bien long. 15,7 km d’un enchaînement de courtes montées et de descentes. Là encore il faut courir. Cette séquence ne me rappelle pas grand chose, si ce n’est de longues portions de chemins larges et de route 🙄. François enchaîne bien en descente, (quelle machine) c’est cool et s’accroche en montée on est bien bien. On aperçoit en arrivant sur Quezac le début des gorges du Tarn, génial on vient pour ça, et comme on avance bien on va pouvoir traverser les petits villages de Castelbouc, Ste Enimie, st chely du Tarn de jour 💪💪.

On arrive au ravito de Quezac, tout y est, soupe, taboulet, pâté et fromage. Bon par contre pas moyen de trouver de la ste Yorre 😅😅😅

Il est 13h, on vient de terminer le premier gros tiers de la course en 6h30

Bien. On se dit (et 24h après on valide notre stratégie), que le 2eme tiers va être bien plus dur et surtout plus long. On s’amuse à calculer l’avance prise sur le premier tiers par rapport à une hypothétique arrivée pour l’apéro.
Bon là on est plus sur des temps d’arrivée au petit dej mais pas d’affolage la course commence maintenant 🙄🙄🙄🙄. Que je n’aime pas quand j’entends un coureur qui dit que la course commence au km 60, 80 ou 110 🤔🤔. Tu fais quoi pendant les premiers km??? Même si je comprends l’idée, à force de se dire ça commence que maintenant après 60km pour nous et que t’es déjà entamé physiquement, tu risques d’être dans le mal dans la tête.
On enchaîne bien, on a rejoint le Tarn, c’est une succession de courtes montées – descentes – plats, on court dès qu’on peut. Ça ressemble si tu veux visualiser à la gîte et le tour de Sebos 😉.

 On arrive alors à Monbrun, superbe petit village qu’on avait traversé dans l’autre sens avec César et Princesse. On avait bivouaqué près du Tarn. Pas de département à se réciter avec Pierre ce coup là, je me refais la chronologie de nos vacances estivales en famille. Ça prend qq minutes, qq km… on rejoint Castelbouc, km 68, très très joli également avec un ravito dehors en plein vent mais devine Guigui F qu’est ce qu’on trouve sur la table?
Des madeleines… des dizaines de madeleines 😍😍😍. Une petite madeleine accompagnée d’une pompote quand t’es dans le mal, et ça repart. Heureusement un escalier permet de poser ses fesses vu le faible nombre de chaises… on en parlait tous les 3, un ravito top c’est d’abord un ravito où tu peux t’asseoir non?

Je suis un peu chiant avec François pour ne pas s’éterniser trop longtemps au ravito. Comme on avance étape par étape, c’est important de se poser pour valider cette étape mais surtout pour repartir chaud bouillant pour la suivante. Mais s’arrêter trop longtemps c’est encore plus dur de remettre la machine en route. 

On repart donc pour une bonne montée de 490m. A partir de maintenant, il va y avoir 5 montées de 450-500m max, sans compter les petites montées descentes qui se succèdent. On monte au rythme de François, et même si il ne se trouve pas saignant, on ne se fait pas doubler. Et comme sur les parties plates et descendantes on arrive toujours à courir et donc à doubler ça nous va. Le fait de doubler nous importe peu, le classement n’est pas l’objectif, en ultra tu gagnes si t’es finisher; mais ça nous permet de se jauger par rapport aux copains. On remonte donc en haut du causse Mejean, et on relance en haut. Comme les templiers, courir dans les causses est particulier, par rapport à la montagne où tu montes puis tu descends dès le passage du col. Là tu montes puis tu dois traverser une partie du causse  plus ou moins plate avant de redescendre. Ça court ça court 🥵. 

On redescend alors pleine balle vers St Enimie… pleine balle pas vraiment, bien technique et par moment bien pentu. Le genou siffle un peu mais dès que ça s’adoucît ça roule ouf!. Ste Enimie à peine traversée on suit le Tarn rive opposée de la route touristique du Tarn. Quelques hameaux isolés en pierre se succèdent (dont celui hauterive surplombé par le château aujourd’hui en ruines édifiées au XIIeme de mémoire 😅 cf Wikipedia qui n’est ravitaillé que par une tyrolienne 😱💪💪 et en barques pour les personnes) pour rejoindre St chely du Tarn. Au delà de la beauté du village (quel pont!!!), ça permet de couper ces 14km relativement plats. Le relativement est important hein, car entre les caillasses et les petits raidards ça tabasse. On s’est donné comme objectif dès le départ ce matin de réussir à courir un max ces 14km. (Merci mon Frère, ta science de l’ultra et ta préparation mentale même minimaliste pour celui-ci nous permet de tellement mieux gérer la course). Et en arrivant à la fin des 14km au pied du mur de la maleine on se checke avec la nette sensation d’avoir très bien géré cette partie : « c’est bien ce qu’on fait!! »

« faut il se couvrir plus pour la nuit? »

La montée bien sèche avalée au train, on rejoint un ravito bien sympa, on est au km96. Prochaine étape: 14km, la base de vie où on a laissé à l’orga ce matin un sac avec du rechange. Il ne fait pas froid mais l’air est frais. La question va être: « faut il se couvrir plus pour la nuit? »

 On sort la frontale en repartant. Ce début de portion est sympa un peu en crête. On court toujours… pas vite mais on court. On arrive à l’extrémité du causse et on aperçoit les lumières de Saint Rome de  Dolan sur le haut du causse sauveterre. Mais avant, une descente bien dégueux. Des caillasses à la mode GR20, de nuit autant te dire que là c’est petits pas tranquille et concentré pour arriver en bas entier. On traverse le Tarn au village des Vignes, un petit troquet nous fait des appels mais on reste fort on continue 😅.

La montée est entrecoupée de portion route en mode marche nordique. On arrive finalement plutôt bien à cette base de vie même si la descente technique nous a bien marquée. On est au km 110, on vient de finir le 2eme tiers il est 23h45, 17h15 de course, soit 10h30 pour cette partie. On est bien content d’en être arrivé là. François dit que si il est finisher, le FCN gagnera la coupe de France… autant te dire qu’on est confiant pour le match 😂. On se change tout en mangeant chaud: soupe, et lentilles 🤔😍😍. Première fois que je vois ça en ultra et c’est une bien belle découverte. A garder en tête pour l’avenir. 

40’ de stop et on repart… bon on aurait pu partir en 39 mais François a encore oublié ses bâtons 😱🙄😂. François a été costaud sur cette base de vie car sa tête lui disait on se pose, on prend une douche, on dort, on mange…. Enfin tout ce que vous voulez mais pas repartir. Mais non, ça repart pour ce dernier tiers.

La nuit ce qui est sympa c’est que les coureurs sont plus ouverts, ça papote

Les 2 séquences qui arrivent sont bien longues. 2x19km avec un ravito au milieu. Il est 1h du mat on met un peu de temps à se réchauffer. La nuit ce qui est sympa c’est que les coureurs sont plus ouverts, ça papote… surtout ceux qui courent seul. Ça passe le temps.
Tous les 3 on a des phases d’envie de dormir plus ou moins prononcées… on s’accroche.
On démarre une descente toujours bien technique avec François, Pierre juste derrière. Vu comme il monte facile (et sans bâtons 😱), il va nous rattraper vite fait bien fait. Sauf que là, François fait une superbe montée pleine balle en mode machine. Bon Pierre nous rattrape juste à la fin mais il a dû s’employer sic.

On redescend aussitôt dans la caillasse jusqu’à un point d’eau, désert. Après le point d’eau une longue portion de route qui passe très très bien.
Merde Marc B sors de ce corps. On arrive au ravito des Roziers. Km 127. Il est 4h du mat. Les bénévoles sont aux petits soins. François ferment les yeux sa soupe dans les mains. Assoupissement flash éclair de 7’’, pas plus sinon on la soupe serait tombée 🙄.

Les 19km qui suivent vont être longs. Mais on coupe en 2 en se disant que dans 2h il fera jour. Mais ces 2h vont nous sembler un peu longues. Ça comate grave. Je pars un peu devant pour me réveiller. On met un peu de musique, merde mon MP3 HS. 1m2 d’herbe: je m’allonge pour un somme de 5’ et je dis aux copains que je reviendrai au train. Je mets le minuteur 5’ et m’assoupis directement. Je me réveille seul, 4’30 plus tard refait.

Bon un peu désorienté car je pars à l’envers 🤔. Mais après 50m je vois une frontale en face… merde je suis con.
Je suis refait. Je rattrape les gars plus vite que je le pensais mais je m’abstiens de leur dire même si en en discutant après ça n’a pas amélioré leur moral. Ils sont un peu dans le mal mais le soleil arrive et finalement les kms passent tranquillou.

On aperçoit le viaduc au loin en haut du causse noir qu’on a enfin rejoint, le préféré de Pierre. La descente sur le dernier ravito n’est pas super technique mais diablement pentu. François est refait, il nous fait une descente en mode Kiki. Il reste 10km une montée de 300m et go sur Millau… du coup on ne traîne pas au ravito, la bière nous appelle ça y est c’est sûr c’est bien cet appel qu’on entend depuis quelques heures. Pierre n’a même pas le temps de finir son taboulet, ça repart à bloc.

La montée engloutie, on se dit que y a plus qu’à rejoindre le pont de Millau mais on avait pas regardé de près le profil y’avait 3 petits pics sur le profil, ohh pas bien longs mais bien bien raidos. Mais on est tout près de l’arrivée, il semble que rien ne puisse entamer notre moral qui est au top du top. Même les 2km qui tournent dans Millau pour rejoindre la cour carrée  ne nous entament pas. Mais on pense à ceux qui sont dans le dur ces 2km n’est ce pas un chouïa too much?

Nous y voilà, on entre dans la salle, on passe la ligne tous les 3 ensemble, heureux bien sûr, heureux de l’avoir fait, heureux de l’avoir fait ensemble et d’avoir partagé 28h de nos vies sportives tous les 3.

Ce nouveau 100 miles m’a de nouveau appris

Plus personnellement, ce nouveau 100 miles m’a de nouveau appris que ce soit dans la gestion sur la bouffe, la gestion quand tu pars un peu moins bien que d’habitude physiquement, que 160 bornes c’est toujours aussi dur, même si y a moins de D+.

Et comme toujours j’ai eu la chance de partager cet ultra:

  • avec mon frérot, nouvelle aventure tous les 2; on est vraiment fait pour courir ensemble ces formats de course. C’est plus que du plaisir c’est un bonheur de partager la course mais évidemment l’avant et l’après course avec son frangin. Et c’est tellement rassurant de partir avec toi mon frère 🥰🥰
  • avec mon cher collègue, avec qui je partage tant la semaine au taf. Le voir maîtriser comme ça ce premier ultra, just waouh!!!! Bon en même temps si tu voulais embaucher tranquillou cette semaine, fallait mieux être finisher. 4 jours ensemble loin du taf, dans ta région de cœur, un vrai bonheur.
  • Et comme toujours en ultra, course où le temps s’arrête, j’ai l’impression d’être parti 10j. Merci les potos, et merci aux Rapvistes qui motivent tellement pour s’entraîner ensemble